PMA : le retour du marché, mais pas (encore) du père ?

Publié le 12 Mai, 2024

Dans un entretien pour le magazine Elle, Emmanuel Macron a annoncé son intention d’ouvrir aux centres privés l’autoconservation ovocytaire. Le président de la République invoque les délais d’attente (cf. « PMA pour toutes » : les délais s’allongent, les donneurs se font désirer). Pourtant, n’avaient-ils pas été anticipés par le projet de loi de bioéthique qui a autorisé l’accès à cette pratique sans motif médical en 2021 ?

La question d’autoriser les centres privés à effectuer de tels actes avait été débattue, puis rejetée en raison des risques de marchandisation de la procréation (cf. Loi Bioéthique : Filiation, la pomme de discorde). Ce risque serait-il écarté trois ans plus tard ?

Le retour du père ?

La loi de bioéthique de 2021 a également autorisé les femmes homosexuelles ou célibataires à recourir à la PMA. La « PMA pour toutes », une « PMA sans père » comme le dénonçaient alors plusieurs voix (cf. PMA pour toutes : avoir un père serait « daté » ?). Parmi elles, celle du pédopsychiatre Christian Flavigny, qui s’est opposé à une loi qui « disqualifie le principe même de paternité » (cf. Projet de loi bioéthique: pères en option, repères en débâcle), car ce qui est vrai pour un enfant est vrai pour tous.

Le président ferait-il marche arrière ? Après avoir poussé une loi qui a fait du père « un personnage facultatif pour l’enfant », il affirme désormais trouver « insupportable » « l’absence de rôle des pères » dans les familles dont il est absent après une séparation. Le père serait-il finalement indispensable ? Pourquoi alors avoir créé les conditions de son éviction dans certains cas ? « Je suis pour que l’on ouvre ce débat de la parentalité et notamment du rôle des pères. Il est au cœur de la crise que nous vivons » dans la société, estime désormais le président.

La promotion de l’autoconservation des ovocytes

Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé la prochaine mise en place d’un bilan de santé pris en charge par la Sécurité sociale, un « check-up fertilité » proposé aux jeunes « autour de la vingtaine ». Le président prévoit en parallèle le lancement de campagnes « en faveur de l’autoconservation d’ovocytes pour les femmes qui souhaitent avoir des enfants plus tard ». Lors de leur « check-up », les femmes seront-elles informées des taux d’échec de la PMA et de ses difficultés ?

Alors que le biologiste Jacques Testart a déjà prévenu  que « la désillusion sera souvent au rendez-vous » (cf. Autoconservation des ovocytes, « la désillusion sera souvent au rendez-vous »), Christian Flavigny, quant à lui, dénonçait une pratique affichant sans complexe une approche « gestionnaire de la procréation » : l’enfant doit s’intégrer dans un « plan de vie », où « la carrière professionnelle devient le cadre de référence ».

Seule réticence, pour le moment encore, Emmanuel Macron a réaffirmé son opposition à la GPA. « Elle n’est pas compatible avec la dignité des femmes, c’est une forme de marchandisation de leur corps, a-t-il déclaré. Pour moi, porter un enfant n’est pas quelque chose d’innocent, c’est déjà un lien affectif. » Résistera-t-il toutefois longtemps aux sirènes du marché ? (cf. « L’enfant né de GPA sait qu’il a un lourd prix sur sa tête »)

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