Pérou : stérilisations forcées pour une politique de planification familiale

Publié le 22 Déc, 2011

En décembre 2011 au Pérou, les victimes des stérilisations forcées des années 1990, sous le régime du Président Fujimori (Cf. Synthèse de presse du 08/02/05) ont le courage de porter plainte. Ces femmes demandent justice et le Président Humala a réclamé une enquête sur ces crimes.
L’ancien président Fujimori , actuellement en prison pour d’autres crimes, avait mis en place un "programme national de planification familiale", politique forcée de limitation des naissances, en stérilisant plus 300 000 femmes, en priorité les indiennes et les plus pauvres. Des milliers de victimes affirment aujourd’hui ne pas avoir été "volontaires". En tête, "douze héroïnes d’Anta" (bourgade proche de Cuzco) ont été les premières à porter plainte contre les abus du programme. Les ONG de défense des droits de la femme ont également recensé de nombreux cas similaires.

Le quotidien La Croix a recueilli des témoignages de femmes qui racontent avoir été stérilisées à leur insu, comme celui de Yony, 23 ans, à qui on avait annoncé faire un "nettoyage". Les hôpitaux subissant la pression du gouvernement devaient répondre à l’objectif officiel de stériliser 150 000 femmes par an. Pour l’atteindre, le personnel de santé publique commettait des "violations des droits de l’homme", des chantages et des enlèvements, menaçant de prison les femmes récalcitrantes.
Jesùs Bonilla, président de l’Association nationale des médecins du ministère de la santé parlent de quotas de stérilisation à remplir sous peine de sanction pour les hôpitaux. Créant une compétitivité entre les centres de soins, la politique du président Fujimori a fait naître une course à la stérilisation dans le pays. Exemple parmi d’autres, celui d’une infirmière, qui subissant la pression de son quota de deux ou trois stérilisations à faire par mois, s’est portée elle-même volontaire afin de garder son travail.

Silvia Romero, avocate de l’Institut de défense légale dénonce : "On parle d’une politique d’Etat qui a transformé la stérilisation chirurgicale soi-disant volontaire en technique de contrôle de la natalité". Pourtant aujourd’hui, Alejandro Aguinaga, ancien ministre de la santé, continue d’affirmer qu’il n’y a eu que des "erreurs isolées".

La Croix (Eric Samson) 22/12/11

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