« Nous avons ouvert la voie à une euthanasie qui virera sans le dire à la modalité de gestion du grand âge »

Publié le 21 Mar, 2022

« Vous avez raison, il n’y a pas eu de grande loi autonomie ». Interrogé sur la question, Emmanuel Macron a dû reconnaître l’abandon de cette loi promise à deux reprises en 2018 puis 2020. Une loi qui semble être définitivement abandonnée, le candidat ne l’ayant pas mentionnée lors de la présentation de son programme le 17 mars dernier (cf. Fin de vie, GPA… : Emmanuel Macron précise son programme en matière de bioéthique).

Pas de loi autonomie mais l’euthanasie ?

« Annonçant une Conférence citoyenne sur la fin de vie (alors que les États Généraux de la bioéthique, Grand Débat National et Convention citoyenne sur le climat ont démontré les uns après les autres l’inanité de la pratique dans le cadre actuel), il a esquissé la piste d’un référendum sur son résultat, une voie dont on imagine assez bien qu’elle ne sera utilisée que pour entériner l’euthanasie ou le suicide assisté, pronostique Erwan Le Morhedec, avocat et auteur de Fin de vie en République. Belle continuité, à vrai dire puisqu’en 2021, nous avons failli légaliser l’euthanasie en même temps que l’on tirait une croix sur la loi Grand Âge. » (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie)

Pour l’essayiste, « nous avons ainsi abdiqué toute véritable ambition sur l’un des plus grands défis qui nous attend tous et ouvert la voie à une euthanasie qui virera sans le dire à la modalité de gestion du grand âge ». Titrant « « Emmanuel Macron ne promet plus de loi grand âge, mais des “choses concrètes” », le journal Le Monde « ne s’y est d’ailleurs pas trompé », estime l’avocat.

L’euthanasie devient une « proposition sociale »

Une liste de « choses concrètes » qui débute par « l’évocation d’une prime à l’adaptation de l’habitat, alignée non pas sur la prime à la casse mais, c’est plus délicat sur Ma Prime Rénov’, pour la rénovation énergétique », ironise Erwan Le Morhedec. « Puis, après d’autres propositions aussi peu ambitieuses et inventives les unes que les autres, vient l’euthanasie, souligne-t-il. Pour être concrète, l’euthanasie sera concrète, pour qui la subira ».

Ainsi, « voilà l’euthanasie qui, dans les mentalités, prend sa place dans les outils de gestion du grand âge ! » « Voilà que cette euthanasie – qui doit être demandée et que nul n’est jamais censé proposer – devient une proposition sociale. »

« C’est la vulnérabilité de l’individu laissé à lui-même, dans un monde construit par les forts pour les forts »

« Celui qui soutient que la légalisation de l’euthanasie serait une loi de liberté n’a pas dû écouter son père, sa mère, ni aucune personne âgée qui entendra cette proposition », juge Erwan Le Morhedec. « Je n’ai pas le droit d’imposer cela à mes enfants. Moi, ma vie est derrière moi, eux, ils sont l’avenir », « Je suis un poids pour ma famille », « C’est aux parents de s’occuper des enfants, pas l’inverse ». « Ayant demandé à une soignante de soins palliatifs si elle entendait ces phrases, elle m’avait simplement répondu : “si je l’entends ? Mais c’est tout le temps, c’est tous les jours », témoigne l’essayiste. « Et plus encore lorsqu’on laisse une personne âgée sans accompagnement, sans espoir, dans les situations d’abandon et de maltraitance qu’a pu décrire Victor Castanet dans Les Fossoyeurs. »

« Il y aurait pourtant tant à faire, tant à inventer pour mieux s’occuper de nos parents », rappelle-t-il. Alors « comment notre société et les “progressistes” ont-ils pu perdre ce réalisme et ce simple humanisme en l’espace de trente ans ?, interroge Erwan Le Morhedec. Parce que l’euthanasie répondrait au mouvement perpétuel d’émancipation qu’ils vénèrent ? » « Qu’ils réalisent donc qu’à terme, l’émancipation a pour nom isolement et solitude, interpelle l’avocat. C’est la vulnérabilité de l’individu laissé à lui-même, dans un monde construit par les forts pour les forts. Alors réveillons-nous, il y a tout un pays à remettre sur ses pieds, pour remettre la personne au centre. »

 

Sources : Le Figaro, Erwan Le Morhedec (18/03/2022) ;  Le Monde, Béatrice Jérôme (18/03/2022)

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