« Mieux vaut être mort qu’handicapé » ?

Publié le 28 Sep, 2021

« J’ai l’impression que je n’ai pas la même valeur que les autres. J’ai l’impression que je ne devrais pas être ici », explique Heidi Crowter, une jeune femme trisomique qui a porté en justice l’autorisation d’avorter jusqu’au terme de la grossesse lorsqu’une trisomie est dépistée chez le fœtus (cf. Avortement et trisomie 21 : Heidi Crowter perd son procès). Alors que le Royaume-Uni se penche sur la légalisation de l’euthanasie, Ian Birrell, journaliste récompensé en 2018, interroge sur la valeur que la société accorde à la vie des personnes porteuses de handicap. Au Royaume-Uni, « les avortements tardifs pour cause d'”anomalie fœtale grave” sont également autorisés pour les fentes labiales et les pieds bots », rappelle-t-il.

Des incitations au suicide ?

Dans ce contexte, « je suis alarmé par la vague de fond naïve qui demande la légalisation de l’euthanasie », explique Ian Birrell, qui se déclare par ailleurs « athée et libéral ». Car « nous constatons en Belgique, au Canada et aux Pays-Bas qu’une fois la porte ouverte à la mort sur demande, des pressions s’exercent pour qu’elle soit toujours plus entrouverte » (cf. Euthanasie : le contre-exemple des lois belge et néerlandaise). Et « des gens peuvent être contraints de se suicider – certains choisissent cette option par peur ou parce qu’ils se sentent un fardeau » (cf. « Entourer les personnes souffrant de solitude est une option plus humaine que l’injection létale »). Ainsi, « au Canada, un patient souffrant de troubles cérébraux a secrètement enregistré le personnel de santé qui lui indiquait le coût des soins et le poussait à mourir » (cf. Canada : 1200 euthanasies en plus, 149 millions de dollars de frais de santé en moins).

Protéger les personnes handicapées des pressions

De son côté, Tim Stainton, un professeur canadien, s’inquiète dans une revue d’éthique médicale « quant à la capacité à garantir une pleine protection des personnes handicapées contre “une mort non désirée résultant d’une pression subtile, du désespoir de vivre dans un monde où leur existence quotidienne est perçue comme une souffrance inévitable ou de l’épuisement à se battre… pour vivre une vie digne” ». En effet, n’existe-t-il pas un risque de glissement vers une société où « mieux vaut être mort qu’handicapé » ? (cf. Euthanasie : « Ce prétendu droit m’enlève ma dignité, et tôt ou tard, me désigne la porte »)

Une inquiétude partagée par les experts des droits de l’homme des Nations unies (cf. Euthanasie de personnes handicapées : des experts des Nations unies inquiets). Mais « comment protéger les personnes handicapées ou autistes dans une société qui est déjà régulièrement insensible à leurs besoins ? »

 

Source : iNews, Ian Birrell (27/09/2021) – Photo : iStock

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