Les perspectives prometteuses du sang de cordon

Publié le 5 Fév, 2007

En 1998, pour la première fois, à l’hôpital Saint-Louis, l’équipe d’Eliane Gluckman injectait à un jeune garçon atteint de la maladie de Fanconi, le sang prélevé dans le cordon ombilical de sa petite sœur qui venait de naître. Âgé aujourd’hui de 18 ans, ce garçon est en parfaite santé. Depuis, 3 000 personnes atteintes de maladies du sang ou de la moelle osseuse ont été soignées grâce à un don de sang placentaire.

Il existe actuellement dans le monde une cinquantaine de banques publiques qui conservent le sang de cordon et qui est à disposition de tous. Le sang de cordon contient des cellules souches hématopoïétiques qui produisent les cellules sanguines. Si l’on injecte  par intra veineuse à un malade dont le système de production de cellules sanguines est défaillant ces cellules souches du sang placentaire, elles vont spontanément se loger dans la moelle osseuse et produire les cellules sanguines nécessaires à l’organisme. Ce sang de cordon est donc particulièrement prometteur et serait une clé de la médecine régénératrice.

Des biologistes ont découvert que des cellules souches fœtales, présentes aussi dans le sang de cordon, seraient susceptibles de générer, in vitro, de l’os, du cartilage, des vaisseaux, des muscles et des neurones. D’où l’immense espoir qu’elles soulèvent pour soigner toutes sortes de maladies. Différentes expériences ont déjà été menées avec succès. Ainsi, une équipe anglaise a-t-elle déjà créé un mini foie à partir de cellules extraites du sang placentaire (cf. lettre Gènéthique du mois de novembre 2006).

Le mois dernier une petite fille a été traitée d’une maladie sanguine très rare, par autogreffe de son sang de cordon que les parents avaient fait conserver dans une banque privée.

Notons cependant que les maladies du sang traitables par greffes cellulaires sont rares, que l’on ignore aujourd’hui si le sang de cordon permettra de soigner des maladies dégénératives et si les cellules résisteront à une congélation longue durée.

Le Congrès américain a déjà voté un budget de 79 millions de dollars pour la conservation de sang de cordon et pour la recherche. La France compte peu de banques par rapport au réseau international. L’Agence de Biomédecine "subviendra aux besoins pour que les capacités de stockage soient doublées dans les 2 ans à venir", assure Hélène Esperou, responsable de l’encadrement des banques de sang de cordon à  l’Agence de Biomédecine. La banque de l’hôpital Saint-Louis qui avait fermé en 2003 par manque de crédits devrait donc rouvrir en 2007.

Ces premiers résultats ont entrainé l’ouverture dans le monde de banques privées de sang de cordon. Des Etats-Unis à la Chine, des sociétés privées fleurissent et proposent de conserver le sang de cordon pour 2 000 euros pour 15 ans renouvelables. Beaucoup de Britanniques ont déjà fait le pas. L’article montre l’inquiétude de certains, en France, face à cette recrudescence des banques privées. A ce titre, la création la semaine dernière par Richard Brandson de la première banque privée-publique au Royaume-Uni, est intéressante. Baptisée la Virgin Health Bank, elle est financée par ses clients et ses investisseurs et donnera, gratuitement, 80% de chaque prélèvement à une banque publique. Les 20% restants resteront la propriété exclusive de la famille. (cf. revue de presse du 02/02/07). Les bénéfices obtenus seront reversés intégralement à la recherche sur les cellules souches adultes.

Libération (Corinne Bensimon)  03/01/07 –

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