Le succès d’une banque de sperme danoise

Publié le 22 Jan, 2007

Au Danemark, la société Cryos International est considérée comme un leader sur le marché du sperme… Avec un stock de 750 000 paillettes (mini éprouvettes contenant chacune quelques millions de spermatozoïdes congelés), ses ventes ont atteint 2 millions d’euros en 2006 et plus de 12 000 naissances seraient liées à son action dans une cinquantaine de pays. La société danoise connait donc un véritable succès notamment avec l’archétype de l’enfant nord-européen avec un site orné d’un bébé blond aux yeux bleus.

Ole Schou, son fondateur dément toute tentation eugéniste "la majorité des clients sont d’origine nord-européenne, et c’est parce qu’ils veulent un enfant qui leur ressemble qu’ils s’adressent à nous".

Le prix de vente et la "qualité" d’une paillette dépend du nombre de spermatozoïdes mobiles survivant à la congélation mais il faut débourser environ 112 euros pour une paillette, sachant qu’il faut en acheter une douzaine en moyenne pour avoir un enfant.

Déterminer un prix en fonction de la "qualité" d’un sperme humain ne semble pas émouvoir Ole Schou qui précise que son objectif est "d’aider les couples qui ne peuvent pas faire d’enfant".

Ole Schou a créé Cryos en 1987. Ses premiers clients étaient des hommes qui s’apprêtaient à subir une chimiothérapie. L’entreprise étant peu rentable, il livre ses premières paillettes en 1991 à une clinique privée. Aujourd’hui la banque dispose d’un catalogue de 250 donneurs, souvent des étudiants qui tous ont été testés. La législation danoise autorise 25 procréations par donneur (contre 10 en France) pour prévenir le risque de consanguinité.

Le Danemark interdit la rémunération du don de sperme mais autorise le versement d’une "compensation financière" exonérée d’impôt. Son montant serait  de 15 euros par don. Pour son fondateur, cette "compensation" garantit un approvisionnement régulier en sperme.

Aujourd’hui dans la plupart des pays européens, comme la Grande-Bretagne, l’anonymat du don est interdit. C’est pourquoi, les donneurs ont déserté les banques de sperme et se tournent vers des pays "plus laxistes" comme la Belgique ou le Danemark.

Cryos affirme avoir contribué à la naissance d’au moins 200 bébés français et assure même avoir collaboré avec une poignée de médecins français, en toute illégalité puisque l’importation du sperme est interdite en France. La loi française prévoit en effet que le don de gamètes ne génère aucun bénéfice. Les dons sont donc considérés comme un geste de "solidarité"  et sa gestion  dépend des Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain).

Par ailleurs, dans une interview, Jean Bouyer (Inserm), coresponsable de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité souligne que la qualité du sperme s’est altérée ces dernières décennies. Ainsi, en 1992 une étude danoise montrait qu’en 50 ans, la concentration des spermatozoïdes était passée de 100 à 60 millions par millilitre de sperme.

Ce trouble général de la fonction reproductrice chez l’homme serait lié à des perturbations endocriniennes. Les pesticides et les phtalates, qui sont des composants plastiques sont ainsi accusés. L’Observatoire épidémiologique va lancer à partir de septembre une étude sur 100 couples cherchant à mettre en route une grossesse. Son objectif est d’évaluer l’effet de l’exposition des couples à des polluants de l’air et de l’eau pendant la période où ils essaient de concevoir. Les premiers résultats sont attendus fin 2008.

Libération (Anne-Françoise Hivert – Corinne Bensimon – Sandrine Cabut) 20/01/07 – Le Temps (Xavier Pellegrini) 06/02/07

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