« Mettre le numérique au service de la santé. » C’est l’ambition de la feuille de route du numérique en santé publiée par le gouvernement pour la période 2023-2027.
« Une troisième voie »
Avec 4 axes, 18 priorités et 65 objectifs, « cette nouvelle feuille de route 2023-2027 met l’accent sur la prévention, pour laquelle Mon espace santé, notre nouveau carnet de santé électronique, sera un atout déterminant » écrit François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention. Pour le ministre, « les progrès de la e-santé, en particulier de la télémédecine et de la télésurveillance, sont un véritable levier d’égalité en santé, notamment dans les territoires plus isolés ». A défaut de pouvoir y réinstaller des soignants ?
François Braun veut dessiner une « “troisième voie” européenne entre les Etats-Unis et la Chine ». Une voie « à même de susciter la confiance, qui est essentielle au développement des usages numériques et à l’amélioration de notre santé » (cf. « Mon espace santé » : le lancement du dossier médical numérique sous consentement présumé). Une voie « au service de nos valeurs et de notre éthique », affirme le ministre (cf. « Mon Espace Santé » s’ouvre au secteur privé).
La feuille de route explicite trois « valeurs cardinales stables » : l’éthique, la souveraineté et la durabilité. En termes d’éthique, ce sont l’inclusion et la solidarité qui sont promues « pour ne laisser personne de côté », expliquent Hela Ghariani et Raphaël Beaufret, co-responsables du numérique en santé. Un point rappelé par Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées qui souhaite que le numérique soit « au service de la santé, de l’autonomie et de l’inclusion ».
La question des données de santé
Les quatre axes de la feuille de route s’articulent autour du patient et des professionnels : « développer la prévention et rendre chacun acteur de sa santé ; redonner du temps aux professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique ; améliorer l’accès à la santé pour les personnes et les professionnels qui les orientent ; déployer un cadre propice pour le développement des usages et de l’innovation numérique en santé ».
Parmi les priorités de l’axe 1, « utiliser Mon espace santé au quotidien pour gérer sa santé » ou encore « rendre chacun acteur de sa santé et maître de ses données ». Vaste sujet quand on observe la multiplication des dérives (cf. La CNIL condamne Doctissimo à une amende de 380 000 euros), notamment en matière d’utilisation des données de santé, souvent à l’insu de leurs propriétaires (cf. Plateformes de données de santé : un avis commun du CCNE et du CNPEN). « Une feuille de route spécifique sera dédiée aux données de santé et sera construite d’ici à la fin de l’année », indique Jean-Christophe Combe.
La cybersécurité est un autre défi que devra relever le système de santé dans toutes ses composantes (cf. Doctolib : vol de données personnelles sur plus de 6000 rendez-vous).
« Mettre le numérique au service de la santé » pourra-t-il se faire sans réduire le patient à un jeu de données et sans mettre en péril sa relation avec le soignant ?
