Mercredi 22 septembre, à l’occasion du congrès organisé par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, a divulgué un « 5e plan national de développement des soins palliatifs et d’accompagnement de la fin de vie ». « Annoncé en mars », il devait être présenté « fin mai » (cf. Euthanasie, soins palliatifs : « La loi envoie un message »).
Un des objectifs du plan est de « rendre ces soins accessibles à tous les Français ». Ainsi, l’une de ses priorités est de « garantir “une présence efficace et organisée partout où cela est nécessaire” », c’est-à-dire d’abord « dans les 26 départements où il n’existe pas aujourd’hui d’unités de soins palliatifs, et dans les 6 régions où il n’y a pas d’équipes mobiles de soins palliatifs pédiatriques ».
Le budget dédié à ce plan est de 171 millions d’euros sur quatre ans, entre 2021 et 2024. En 2021, 5 millions d’euros seront dévolus au renforcement des équipes mobiles de soins palliatifs. L’année prochaine, « 16 millions d’euros financeront des mesures nouvelles ».
Un manque de moyens humains
Actuellement la France compte 7500 lits de soins palliatifs, soit 2% des lits hospitaliers. Mais « seules 30 % des personnes qui devraient bénéficier de soins palliatifs y ont réellement accès » (cf. Les soins palliatifs en manque de moyens humains et financiers). « La médecine palliative fait partie des parents pauvres, déplore Julie Pouget, médecin à la maison de santé protestante Bagatelle, une structure qui compte 12 lits près de Bordeaux. Parce que le monde médical est très tourné vers le curatif, accepter l’impasse thérapeutique reste donc considéré comme un échec. » Un avis partagé par Jean-Marie Gomas, confondateur de la Sfap : « On paye des années de toute-puissance médicale, avec des médecins qui veulent sauver à tout prix, au risque de l’obstination déraisonnable ».
Ainsi, selon la Sfap, « 30 % des postes de médecins en soins palliatifs sont vacants », soit 150 postes, et « 350 médecins seraient nécessaires pour combler les départs à la retraite ». En réponse, ce 5e plan prévoit le développement d’« une filière universitaire de médecine palliative » et « la création d’un diplôme d’études spécialisées spécifique en médecine palliative fera l’objet d’une réflexion ».
Vers l’euthanasie ?
Le ministre de la santé a en outre garanti que le midazolam, « un médicament utilisé pour la sédation », serait « rendu accessible à la médecine de ville dès la fin de l’année ». Cette annonce avait été faite lors du débat de la proposition de loi d’Olivier Falorni (cf. Le Sénat rejette l’euthanasie, le gouvernement fait des annonces). Une « ouverture » qui « passe nécessairement par l’accompagnement des professionnels de premier recours », estime-t-il.
Et alors que les pressions pour légaliser l’euthanasie ne cessent de s’amplifier (cf. Suicide assisté : Dignitas devant le Conseil d’Etat français ; Euthanasie : des députés mettent la pression au gouvernement ), Olivier Véran est resté évasif : « Les soins palliatifs sont le socle à partir duquel nous devons réfléchir aux questions légitimes d’évolution qui se posent à notre société. Jusqu’aux questions qui apparaissent légitimes pour certains, inquiétantes pour les autres. » (cf. Fin de vie, avortement, quels projets pour la fin du quinquennat ?).
Sources : AFP (22/09/2021) ; La Croix, Alice Le Dréau (22/09/2021), Alice Le Dréau (23/09/2021) ; Le Quotidien du médecin, Coline Garré (22/09/2021) ; Hospimedia, Jérôme Robillard (22/09/2021) – Photo : Freeimages