L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un nouveau « manuel de pratique clinique pour des soins d’avortement de qualité ». Avec un rapport ambivalent aux faits.
Des complications possibles
Destiné à des soignants, le document est technique, procédural. Pour des « soins de qualité », les praticiens ne doivent pas ignorer les faits. Ainsi, l’OMS détaille les complications possibles, et les « effets indésirables » post-avortement. Tout en soutenant qu’il n’existe pas de lien entre un « avortement sûr » et un risque de dépression, et que les « séquelles psychologiques négatives ne sont observées que chez un très petit nombre de femmes ».
Mais alors que l’Organisation promeut l’avortement à la demande et sans condition jusqu’au terme de la grossesse (cf. L’OMS recommande l’avortement à la demande jusqu’au terme), elle invite le soignant à informer correctement la femme. Des informations qui doivent « au minimum » inclure les différentes méthodes d’avortement, la gestion de la douleur – car « presque toutes les femmes en feront l’expérience » pendant et après un avortement – ainsi que les « bénéfices et risques potentiels » d’un avortement et les alternatives à l’IVG. Le praticien doit aussi préciser à la femme le déroulement de la procédure, ce qu’elle est « susceptible de voir ». Reconnaissant que « l’avortement médicamenteux a un risque inhérent d’échec », le médecin doit en outre notifier à la femme les effets tératogènes [1] du misoprostol [2] si elle décidait de poursuivre sa grossesse après une IVG « ratée ». L’OMS insiste également quant à la possibilité pour la femme de refuser une contraception, et même d’en parler.
Détourner le regard par les mots ?
« Produits de conception », « contenu de l’utérus », « tissus de grossesse », l’organisation internationale multiplie les euphémismes. Même quand elle préconise au soignant d’inspecter les « tissus de grossesse », pour les avortements pratiqués au-delà de 14 semaines, afin d’identifier « tous les éléments de la grossesse » : « quatre membres, thorax/ colonne vertébrale, calotte crânienne, placenta ».
La réalité serait-elle trop dure à affronter pour le praticien ? (cf. Extension du délai légal pour avorter : Avis du CCNE, opposition du CNGOF, le texte sera discuté demain) Pourtant l’OMS lui conteste le droit d’objecter en conscience (cf. Avortement : les directives de l’OMS remettent en cause l’objection de conscience).
[1] Qui, par son action sur l’embryon, peut produire des malformations
[2] L’une des deux pilules abortives