Dans ses dernières directives en matière d’avortement, l’OMS critique « sévèrement » l’objection de conscience. « S’il s’avère impossible de réglementer l’objection de conscience d’une manière qui respecte, protège et satisfasse les droits des femmes souhaitant recourir à l’avortement, l’objection de conscience en matière d’avortement pourrait devenir indéfendable », écrit l’organisme (cf. L’objection de conscience : un droit fondamental parce qu’elle est un devoir).
Parmi ses recommandations, l’OMS préconise d’interdire les revendications en la matière qui émanent d’institutions ou « d’exiger » des médecins objecteurs « qu’ils orientent leurs patientes vers des médecins qui pratiquent l’avortement ». L’organisation recommande également d’interdire l’objection de conscience « dans les situations d’urgence » (cf. Objection de conscience : « Le médecin n’est pas une machine »).
« L’organisation cherche à tirer parti de son énorme influence et de son pouvoir budgétaire pour saper les dispositions internationales et finalement travailler à l’établissement d’un nouveau régime juridique qui entérine le ‘droit’ à l’avortement sans droit à l’objection de conscience », analyse Elyssa Koren d’ADF International, une organisation juridique (cf. Fondation Bill Gates et financement de l’OMS : un problème de principe).
Une hausse générale du taux d’avortement mais des disparités régionales
Selon une étude menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Institut Guttmacher [1], « les grossesses non prévues sont à leur niveau le plus bas depuis 30 ans, tandis que les avortements ont augmenté dans le monde ». L’étude a été publiée dans la revue BMJ Global Health le 24 mars.
Les auteurs ont analysé les données disponibles pour 150 pays entre 2015 et 2019. Sur cette période, ils estiment que 121 millions de grossesses ne sont pas « prévues » chaque année. 64 femmes sur 1000 sont concernées, contre 79 femmes sur 1000 au début des années 1990.
61% de ces grossesses ont été interrompues, ce qui représente 73 millions d’avortements chaque année. Mais alors que le taux d’avortement a augmenté au niveau mondial (cf. 42,6 millions d’avortements dans le monde en 2021), il a connu une baisse de 8% sur les 30 dernières années en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Pour Jonathan Bearak de l’Institut Guttmacher, auteur principal de l’étude, une des raisons de l’augmentation des taux d’avortements est la généralisation des avortements médicamenteux, « même dans des contextes où l’avortement est illégal » (cf. Les Britanniques sont de plus en plus nombreuses à acheter illégalement des pilules abortives en ligne).
[1] Bearak JM, Popinchalk A, Beavin C, et al Country-specific estimates of unintended pregnancy and abortion incidence: a global comparative analysis of levels in 2015–2019 BMJ Global Health 2022;7:e007151.
Sources : US News, Brianna Navarre (28/03/2022) ; BioEdge, Michael Cook (29/03/2022)