Le 21 janvier, la Tribune Dimanche a indiqué que « l’Exécutif voudrait généraliser un examen gynécologique pour les femmes et un spermogramme pour les hommes, à 25 ans, soit l’âge où les femmes sont le plus fertiles » (cf. Contre l’infertilité et une natalité en berne, un « réarmement démographique » ?). Ce « bilan de fertilité » facultatif serait « pris en charge à 100% par la Sécurité sociale » précise l’article. L’information a été confirmée dans un communiqué de presse de l’Elysée le lendemain.
Des voix qui s’élèvent
Ces mesures ne font pas consensus. « Ça n’a aucun sens, il n’existe pas de marqueurs de la fertilité ! » s’indigne le Pr Michael Grynberg, chef de service de médecine de la reproduction des hôpitaux de l’AP-HP Antoine-Béclère, à Clamart, et Jean-Verdier, à Bondy. « Ce n’est pas parce que les résultats d’un test sont mauvais que vous êtes infertiles. Et à l’inverse, la normalité ne présage pas la fertilité » poursuit-il. Une position partagée par le Dr Olivier Pirrello, chef du service de gynécologie-obstétrique aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Ces examens « ne sont pas des boules de cristal ! Cela ne peut qu’augmenter l’anxiété, ce qui est délétère pour la fertilité » explique-t-il.
Des examens similaires sont proposés dans le cadre de la procréation médicalement assistée (PMA), mais uniquement pour les couples infertiles [1]. L’objectif n’est pas de prédire l’infertilité, mais d’établir un diagnostic pour choisir la technique de PMA.
D’autres propositions ?
De son côté, le Pr Samir Hamamah propose d’effectuer ce « bilan de fertilité » à 29 ans pour « permettre à la personne de préserver sa fertilité » si quelque chose ne va pas. Il fait référence à la possibilité, depuis août 2021, de congeler ses gamètes à partir de 29 ans et sans motif particulier. Pourtant « la préservation ovocytaire n’offre que 5 % de chance de grossesse par ovocyte, contre 25 % de chance à chaque cycle à 25 ans » explique le Dr Pirrello en précisant que cette technique « pourrait avoir un effet pervers en retardant davantage l’âge auquel on fait son premier enfant, avec un outil moins efficace que ce qui peut être obtenu naturellement » (cf. Enquête : une femme sur six regrette d’avoir eu recours à la conservation de ses ovocytes).
Certains médecins, comme le Pr Grynberg, proposent la mise en place d’une consultation d’informations sur le sujet de l’infertilité, même si « aujourd’hui, la cause d’infertilité principale est l’âge des femmes à la première grossesse » indique le médecin (cf. Infertilité : un rapport recommande l’information et la prévention). En 2023, l’âge moyen d’une femme lors de sa première grossesse était de 31 ans (cf. Un bébé ou un travail ? Les femmes sous pression).
Un autre phénomène est celui du refus d’avoir des enfants. « Nous n’avons jamais eu autant de demandes de vasectomies de la part de trentenaires sans enfant », note le Dr Pirrello (cf. Vasectomie : la nouvelle mode ?).
[1] NDLR : « l’infertilité est définie par l’incapacité d’obtenir une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés » (Source : OMS).
Source : Le Figaro, Cécile Thibert (24/01/2024)
