Dons de gamètes : les jeunes au cœur de l’attention

Publié le 16 Juin, 2023

Lundi dernier s’est tenue la 6ème réunion du « comité national de suivi de la mise en œuvre de la loi de bioéthique de 2021 dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation (AMP) ». Une réunion qui s’est focalisée sur le don de gamètes comme le précise le communiqué de l’Agence de la biomédecine (ABM).

La question de la gestion du stock

L’Agence a proposé au ministère plusieurs « scénarios » envisageant différentes dates possibles à compter desquelles « seuls les gamètes des tiers donneurs ayant consenti à l’accès aux origines seront délivrés ». Car le changement de régime du don de gamètes pose des difficultés, dans un contexte de forte demande (cf. Banques de gamètes : la loi de bioéthique a “chamboulé les équilibres”).

« Conformément à ses engagements, le ministère fixera dans les prochaines semaines la date de destruction des anciens stocks de gamètes et d’utilisation exclusive des stocks de gamètes nouvellement constitués », précise le communiqué. Deux « principes » serviront de guide : « rendre pleinement effectif le droit d’accès aux origines le plus tôt possible », et ne pas « mettre en difficulté les centres avec une échéance trop précoce ».

Les Français favorables au don de gamètes ?

Lors du comité, l’ABM a présenté les résultats de « son baromètre d’opinion pour mesurer l’avancée des perceptions » sur le don de gamètes [1].

Les Français se disent favorables à 86%. Mais seulement « la moitié se dit prête à faire un don ». Car des « freins » demeurent, malgré la succession des campagnes de communication de l’Agence (cf. PMA : l’ABM en campagne). Pour les hommes, il s’agit de l’abandon de l’anonymat du donneur qui détourne 35% d’entre eux d’envisager de faire un don. Les femmes, elles, n’oublient pas le « parcours médical » qu’impose le prélèvement de leurs ovocytes. Non sans risque (cf. Syndrome d’hyperstimulation ovarienne : Décès d’une femme de 23 ans).

Les jeunes plus « concernés » ?

L’Agence de la biomédecine note une hausse du pourcentage de jeunes disposés à faire un don de gamètes. Ainsi, 62% des 18-24 ans y consentirait. Une augmentation de 9 points par rapport à 2022. Pour l’atteindre l’ABM n’a pas ménagé ses efforts. Influenceurs, campagnes sur les réseaux sociaux ont été mis à contribution.

Au-delà, les jeunes de 18 à 34 ans se déclarent plus « concernés » par le sujet que le reste des Français [2]. Concernés car un proche et/ou eux-mêmes sont « touchés par le sujet du don de gamètes » pour 40% d’entre eux. Concernés par « solidarité » ou « empathie » pour 28% des répondants.

Mais en ciblant cette population, l’ABM fait-elle preuve de responsabilité ? Certes la majorité légale en France est à 18 ans. Mais est-on suffisamment mature à cet âge pour ne pas laisser primer les (bons) sentiments sur la réflexion ? A 18 ans, peut-on se projeter vingt ans plus tard, avec une famille peut-être, face à la demande d’un jeune à la recherche d’information sur ses origines ?

La réponse, des chercheurs l’ont déjà donnée : « la maturité du cortex orbito-frontal, partie la plus évoluée du cerveau, impliquée dans la planification et la résolution des problèmes, ne sera atteinte qu’aux alentours de 25 ans »[3]. Avant, « l’émotion l’emporte plus facilement sur la raison ». Des émotions « intenses » « relatives à la conscience sociale, autrement dit la façon dont on pense être vu par les autres en société » (cf. « Les jeunes », faux héros et vraies proies de notre époque).

 

[1] « Ce baromètre a été réalisé par l’Institut Viavoice pour l’Agence de la biomédecine, par téléphone entre le 13 et le 27 février 2023, auprès d’un échantillon de 1016 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. »

[2] +10 points par rapport à l’ensemble des Français

[3] Damien Mascret, Le cerveau, mature à 25 ans mais en constant remaniement, Le Figaro (28/07/2019)

Photo : Erik Lucatero de Pixabay

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