Des scientifiques l’Institut d’ingénierie et de technologie biomédicale de Suzhou, une filiale de l’Académie chinoise des sciences, ont développé une intelligence artificielle destinée à surveiller, « en temps réel », des embryons se développant dans un utérus artificiel. Ils ont mené leurs recherches sur des embryons de souris. Leurs travaux ont été publiés dans le Journal of Biomedical Engineering [1].
Plusieurs embryons de souris seraient parvenus à croître dans des « enceintes en forme de cube remplies de tous les fluides nutritifs dont ils ont besoin », précise le professeur Sun Haixuan qui dirige ces recherches. L’intelligence artificielle développée par ces chercheurs « mesure les principaux indicateurs tels que les niveaux de dioxyde de carbone ou de nutriments », afin de les corriger « pour une croissance optimisée ».
Des travaux antérieurs sur l’utérus artificiel
En 2017, dans le cadre d’une étude menée par des chercheurs de l’hôpital pour enfants de Philadelphie dirigés par Alan Flake, des fœtus d’agneaux s’étaient développé « apparemment sans séquelles », « dans un sac en plastique transparent relié à divers circuits sanguins et physiologiques », pendant un mois (cf. Des agneaux prématurés se développent dans un utérus artificiel).
Deux ans plus tard, une équipe de recherche de l’Institut de zoologie de Pékin a amené un embryon de singe jusqu’au stade de la formation des organes dans un utérus artificiel (cf. Chine : des embryons de primates cultivés jusqu’à 20 jours).
Enfin, en mars 2020, une équipe en Israël « a amené un lot de plus de 1000 embryons de souris au stade de fœtus à moitié développé » (cf. Des embryons de souris survivent quelques jours dans un « utérus artificiel »). Et la même année, des chercheurs des Pays-Bas ont affirmé qu’il leur faudrait moins de 10 ans pour concevoir et fabriquer « un utérus artificiel pour sauver les bébés prématurés » (cf. Un utérus artificiel, une réalité d’ici 10 ans ?).
Vers une application à l’homme ?
L’intelligence artificielle conçue par les scientifiques l’Institut de Suzhou peut également « classer les embryons en fonction de leur état de santé et de leur potentiel de développement ». Et avertir un technicien quand un embryon « présente un défaut majeur ou meurt ». « Je ne pense pas que la technologie soit un problème », affirme un chercheur de l’Institut de pédiatrie de Pékin.
Ce dispositif « aidera à mieux comprendre l’origine de la vie et le développement embryonnaire des êtres humains », estiment les chercheurs. « Mais il fournira également une base théorique pour trouver des réponses aux malformations congénitales et à d’autres problèmes majeurs de santé reproductive », croient-ils, inscrivant leurs travaux dans un contexte de baisse de la natalité en Chine.
[1] ZENG Weijun, ZHAO Zhenying, YANG Yuchen, ZHOU Minchao, WANG Bidou, SUN Haixuan. Design and experiment of online monitoring system for long-term culture of embryo. Journal of Biomedical Engineering, 2021, 38(6): 1134-1143. doi: 10.7507/1001-5515.202107053
Sources : Science Post, Brice Louvet (04/02/2022) ; South China Morning Post, Stephen Chen (26/12/2021) – Photo : iStock