Cancer : un enfant nait d’un ovocyte fécondé, prélevé immature et muri en laboratoire avant d’être congelé

Publié le 19 Fév, 2020

Agée de 29 ans, alors qu’elle s’apprêtait à suivre une chimiothérapie pour un cancer du sein, une femme s’est vu proposer des conseils en matière de fertilité, les médicaments utilisés dans les traitements anticancéreux étant connus pour mettre la fertilité en danger.

 

Les médecins ont exclu la procédure standard de FIV consistant à utiliser des hormones pour stimuler les ovaires de la femme à produire des ovocytes, craignant d’exacerber son cancer. Les spécialistes de la fertilité de l’hôpital Antoine Béclère de Clamart ont proposé de  prélever et de congeler une partie du tissu ovarien pour le réimplanter lorsqu’elle se serait rétablie, mais la femme a jugé l’opération trop invasive. Elle a finalement opté pour le prélèvement d’ovules à un stade précoce dans ses ovaires. Ceux-ci ont « été mûris » en laboratoire pendant un ou deux jours, puis vitrifiés.

 

Une fois rétablie de son cancer, elle s’est trouvée incapable de procréer de façon naturelle. L’équipe du Pr Michaël Grynberg, responsable de la médecine reproductive et de la préservation de la fertilité de cet hôpital, a décongelé sept ovules congelés, dont six ont survécu au processus. Ils ont été fécondés, un seul s’est développé en un embryon sain qui a donné lieu à une grossesse. Un  garçon, Jules, est né le 6 juillet 2019, la femme avait 34 ans. C’est la première naissance issue d’un ovocyte « muri » en laboratoire puis congelé avant d’être utilisé.

 

Michaël Grynberg estime que si la procédure n’est pas particulièrement efficace, elle permet à certaines femmes d’avoir des enfants lorsqu’elles ont épuisé toutes les autres options. Chez les patients atteints de cancer, l’ablation et la congélation du tissu ovarien avant la chimiothérapie peuvent être une méthode plus fiable, mais en plus d’être une opération invasive, la procédure comporte des risques à long terme, des cellules cancéreuses peuvent avoir pénétré le tissu ovarien qui a été prélevé pour être stocké avant la chimiothérapie.

 

Deux autres femmes ayant suivi la même procédure à l’hôpital, l’une traitée pour un cancer du sein et l’autre pour un lymphome, sont elles aussi enceintes.

 

L’équipe médicale s’efforce de rendre la procédure plus efficace en améliorant le milieu de culture utilisé pour « murir » les ovocytes en laboratoire.

 

Pour aller plus loin :

France: Naissance de jumeaux issus d’une maturation d’ovocytes in vitro

The Guardian, Ian Sample (19/02/2020)

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