Un jeune Américain de 22 ans a reçu une triple greffe le 12 août dernier à New-York. Les chirurgiens lui ont greffé un visage complet « comprenant le front, les sourcils, le nez, les paupières, les lèvres, les deux oreilles et les os sous-jacents du visage ». Ils ont également greffé deux mains, « reliant les nerfs, les vaisseaux sanguins et 21 tendons par des sutures fines comme des cheveux ». L’opération a duré 23 heures, et mobilisé six équipes chirurgicales, soit environ 140 personnes. Elle a été réalisée à l’hôpital universitaire new-yorkais NYU.
Joe DiMeo, originaire du New Jersey, a été brûlé au 3ème degré sur 80 % de son corps dans un accident de voiture en juillet 2018, « perdant notamment lèvres et paupières ». Il a ensuite subi une vingtaine d’opérations de reconstruction classique et de greffes de peau. Elles n’ont pas suffi à lui redonner la vue ni l’usage de ses mains, amputées de plusieurs phalanges. Elles ont, en revanche, considérablement affaibli son système immunitaire.
La première tentative de triple greffe dans le monde s’est déroulée en France, à Créteil, en 2009. Le patient est décédé quelques semaines plus tard de complications. La deuxième tentative a eu lieu à Boston en 2011, mais il a fallu retirer les nouvelles mains au bout de quelques jours seulement. La plupart des patients greffés de visage subissent un rejet de greffon dans les trois mois qui suivent l’opération. Pour le moment ce n’est pas le cas de Joe DiMeo, mais « il n’y a pas de garantie qu’il ne fasse pas de rejet » ultérieurement. En effet, « le risque de rejet est plus élevé au début, mais il dure indéfiniment », malgré les médicaments immunosuppresseurs (cf. Seconde greffe de visage, le risque de rejet reste très présent ).
Ce traitement immunosuppresseur, pris à vie, rend le patient vulnérable aux infections. Il doit également être vigilant à ne pas recevoir de choc sur ses parties greffées, indique le Professeur Eduardo Rodriguez, responsable principal du projet « car un hématome ou une plaie pourraient provoquer un rejet » (cf. Est-il légitime sur un plan éthique, de poursuivre les greffes de mains et de visage ? » ).
Au prix d’une rééducation intensive depuis six mois, Joe DiMeo commence à pouvoir bouger lui-même les sourcils, les paupières, les doigts… Il est redevenu autonome pour se vêtir et se nourrir, et même pour des opérations délicates comme manipuler une fermeture éclair ou lacer ses chaussures, mais « le manque de sensation le handicape encore ».
Sources : AFP (03/02/2021) – Medical Press, Marion Renault et Marshall Ritzel (03/02/2021) ; Photo : Pixabay\DR