PMA avec don d’ovocyte : un risque élevé de prééclampsie

Publié le 1 Fév, 2022

Une nouvelle étude révèle « une incidence plus élevée de prééclampsie dans les grossesses réalisées après un don d’ovocytes ». Les résultats ont été publiés dans la revue Human Reproduction [1].

Déjà une étude chinoise, publiée en 2020 [2], avait démontré un risque de prééclampsie de 6,1% pour les grossesses issues de fécondation in vitro (FIV). Ce risque n’était que de 1% pour les femmes ayant conçu naturellement. Cette étude portait sur 100 000 femmes enceintes, ayant accouché dans un hôpital chinois entre 2013 et 2018. De même, une étude de 2011 sur la santé maternelle et infantile, menée dans les pays nordiques, mettait en avant des résultats analogues [3] (Cf. PMA : un risque accru de pré-éclampsie avec le transfert d’embryons congelés).

Une grossesse sur six à risque avec un don d’ovocyte

L’étude publiée dans Human Reproduction, reprend les données de 27 études « portant sur 7089 dons d’ovocytes, 1 139 540 grossesses conçues naturellement et 72 742 grossesses par FIV ». Elle met en lumière un risque de prééclampsie dans « près d’une grossesse sur six après un don d’ovocyte ». Un risque « si élevé », que les auteurs invitent les femmes qui peuvent concevoir naturellement à « reconsidérer leur décision ».

En outre, dans le cas des grossesses multiples, la prévalence combinée de la prééclampsie « 28% après un don d’ovocyte et 9,7% après une FIV », conduit les chercheurs à recommander que le transfert d’un embryon unique soit « la norme » après un don d’ovocytes (Cf. Les grossesses issues d’une FIV plus à risque).

Les risques accrus du transfert d’embryons « complètement allogéniques »

Selon les auteurs de cette étude, ces résultats sont dus « au fait que les embryons transférés sont complètement allogéniques pour la receveuse ». Cette hypothèse avait déjà été soulevée dans une méta-analyse réalisée en 2016, en Espagne [4]. Une étude mise à jour en 2019 [5], portant sur les FIV réalisée à partir d’embryons congelés, avait pour sa part révélé « un taux de prééclampsie plus élevé que dans les transferts frais ». Enfin, une étude française, présentée à la conférence de la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie (ESHRE), le 30 juin 2021[6], révèle « une incidence plus élevée de prééclampsie dans les grossesses résultant de transferts d’embryons congelés, mais uniquement dans celles en cycles « artificiels » préparés avec une hormonothérapie » (Cf. Les femmes qui font une FIV augmentent de 40 % leur risque d’avoir une complication grave à l’accouchement).

 

[1] Keukens A, Van Wely M, Van der Meulen C, Mochtar MH. Pre-eclampsia in pregnancies resulting from oocyte donation, natural conception or IVF: a systematic review and meta-analysis. Hum Reprod 2021; doi.org/10.1093/humrep/deab267

[2] Gui J, Ling Z, Hou X, et al. In vitro fertilization is associated with the onset and progression of preeclampsia. Placenta 2020; 89: 50-57. doi.org/10.1016/j.placenta.2019.09.011

[3] Henningsen AK, Romundstad LV, Gissler MA, et al. Infant and maternal health monitoring using a combinedNordic database on ART and safety. Acta Obstet Gynecolol 2011; 90: 683–691. doi:10.1111/j.1600-0412.2011.01145.x

[4] Blazquez A, Garcia D, Rodriguez A, et al. Is oocyte donation a risk factor for preeclampsia? A systematic review and meta-analysis. J Assist Reprod Genet 2016; 33: 855–863. doi:10.1007/s10815-016-0701-9

[5] Roque M, Haahr T, Geber S, et al. Fresh versus elective frozen embryo transfer in IVF/ICSI cycles: a systematic review and meta-analysis of reproductive outcomes. Hum Reprod Update 2019; 25: 2-14. doi:10.1093/humupd/dmy033

[6] https://www.eshre.eu/Annual-Meeting/ESHRE-2021/2021-Press-releases/Epelboin

Source : Focus on Reproduction (31/01/2022)

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