PMA : l’ABM en campagne

Publié le 21 Oct, 2021

Pas un mot. Une jolie musique, des larmes, de la joie, et un test de grossesse sur lequel on lit « Merci ». L’Agence de la biomédecine (ABM) lance sa campagne auprès du grand public pour promouvoir le don de gamètes, ovocytes et sperme.

Car les gamètes manquent. La « PMA pour toutes » a fait mécaniquement augmenter la demande : « En quelques semaines, nous avons reçu autant de demandes qu’en cinq ans », explique le Pr Catherine Guillemain, chef du service de biologie de la reproduction à l’hôpital de Marseille[1]. Et la levée de l’anonymat des donneurs votée par la loi de bioéthique met en péril les « vocations » de donneurs (cf. Levée de l’anonymat : les donneurs de gamètes ne sont pas d’accord). Le stock existant quant à lui ne pourra pas être utilisé sans l’accord de ceux qui ont déjà donné.

Une campagne, deux objectifs

Dans son communiqué de presse, l’ABM explique vouloir « augmenter le nombre de dons annuels afin de répondre aux besoins des receveurs, dans toute leur diversité[2] ». Mais aussi « rassurer les donneurs sur les motivations de ces enfants nés d’une AMP avec don de gamètes ». Dans un deuxième spot, une jeune femme explique, alors qu’un puzzle se reforme : « Je ne cherche pas un parent, j’en ai déjà deux ». Ce qui ne sera pas le cas de tous les enfants nés après un don puisque les femmes seules ont désormais accès à la PMA.

Mais est-ce si simple ? Thomas a 42 ans et 3 enfants. Il a longtemps mis don du sang et don de sperme au même niveau. Lui qui a donné son sperme en 2009, tempère dans le journal La Croix[3] : « Donner ses gamètes est tout de même plus… engageant ». « Ce ne sont pas que des cellules, c’est une hérédité ! reconnaît-il. Je ne me suis jamais interrogé sur ce que devenaient mes dons de sang. Plus de dix ans après mon don de sperme, je suis toujours en plein questionnement. Le don de gamète, c’est du long terme. »

Hérédité, filiation : circulez, il n’y a rien à voir ?

Ce que ne démentirait pas Augustin. Il a donné son sperme dans les années 2000. L’année dernière, une jeune fille l’a contacté, « insistante ». Elle « venait m’attendre devant mon bureau, m’appelait papa. Mais moi, j’ai déjà une famille », explique-t-il. Alors il « a préféré ne pas donner suite, non sans culpabiliser ».

Une famille, Sylvain 48 ans, n’en a pas. Avec un métier prenant, il n’a pas pris le temps de se « poser pour [en] construire une ». Sylvain a donné son sperme en 2018 et avoue qu’il serait heureux si des bébés avaient pu naître suite à son « don ». Une façon de « se prolonger ». Il évoque « ses descendants », mais se corrige : « Les enfants, nés de mon don, pardon ».

Les témoignages publiés sur les « deux sites d’information de référence dondovocytes.fr et dondespermatozoides.fr » sont bien moins nuancés. « L’objectif de ce don pour moi est d’aider les personnes qui ne peuvent pas avoir d’enfants, y affirme Alan. La parenté naît d’autre chose que de quelques cellules, et j’incite mes proches à donner, c’est vraiment simple ! » La rhétorique est altruiste, adaptée à l’objectif.

Si l’ABM reconnaît qu’un suivi médical après un don d’ovocytes est nécessaire, elle ne dit rien des risques pour la santé des femmes qui donnent. Sur le site « d’information de référence dondovocytes.fr », on trouve seulement une rapide mention d’effets indésirables « en général sans gravité » (cf. Don d’ovocyte : « Personne ne peut être certain qu’il n’y aura pas de complication »).

Pour partir en campagne, l’ABM a choisi le registre de l’émotion. Une campagne de communication donc. D’information, non.

 

[1] Le Parisien, «Il faut que les femmes soient patientes» : les professionnels dépassés par l’explosion des demandes de PMA, Bérangère Lepetit (20/10/2021)

[2] Agence de la biomédecine, Campagne d’information et de sensibilisation autour du don de gamètes (20/10/2021)

[3] La Croix, Don de sperme : « Je voulais aider des couples à devenir parents », Alice Le Dréau (20/10/2021)

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