En 2019, un nouveau-né sur 28 est issu d’une PMA

Publié le 28 Oct, 2021

Le rapport annuel de l’Agence de la biomédecine[1] (ABM) recense, entre autres, l’activité de procréation médicalement assistée (PMA) de 2019.

ChiffresEn 2019 en France, toutes techniques confondues, 27 063 enfants sont nés d’une aide médicale à la procréation (AMP) à l’issue de 157 593 tentatives. Ils représentent 3,6% des naissances vivantes du pays contre 2,6% en 2009 et 3,3% en 2018. Un enfant sur 28 est aujourd’hui issu d’une PMA[2].

Toutes techniques confondues, en 2019, le taux de grossesse échographique après tentative d’AMP est de 23,7%[3].

Comment naissent les enfants issus d’une PMA ?

31,4% des enfants qui naissent issus d’une PMA sont conçus par insémination artificielle intra-utérine (IIU), les spermatozoïdes sont déposés au fond de l’utérus à l’aide d’un cathéter. C’est la méthode la plus « simple », la moins invasive, celle qui ne nécessite pas d’investissement technique majeur contrairement aux autres techniques.

13% des enfants nés par PMA sont issus d’une FIV et 28,4% naissent d’une ICSI, qui consiste à forcer l’ovocyte pour y introduire un unique spermatozoïde fécondant. Utilisée au départ pour contourner l’hypofertilité de l’homme, la technique, extrêmement invasive, est de plus en plus utilisée et représente aujourd’hui 68% de l’ensemble des tentatives.

Enfin, 37,7% des enfants naissent d’une décongélation embryonnaire contre 34,6% des naissances et seulement 16% 2013. Les taux d’accouchement utilisant ce moyen sont sensiblement plus importants : 18,3% en 2019 et 21,8% en 2019. Cette technique trouve « une place croissante » dans la « prise en charge des couples » : +9% d’embryons décongelés par rapport à l’année 2018. Les techniques de vitrification embryonnaire sont « mieux maîtrisées » et les embryons surnuméraires « survivent » mieux après réchauffement. Le nombre d’embryons transférés par embryons décongelés en 2019 est passé de 84,2% à 90,4%, soit +6,2%. Le nombre d’embryons détruits au cours du processus de réchauffement représente 9,6% de l’ensemble.

Parents biologiques ou donneurs ?

Dans 95,5% des cas, les gamètes proviennent du couple. Il est inévitable qu’avec l’ouverture de la PMA pour toutes, cette proportion évolue. Ce qui pose inévitablement la question de l’ « approvisionnement en gamètes ».

Nés d’un don d’ovocyte

En 2019, 62 518 prélèvements ovocytaires en vue d’une fécondation in vitro (FIV) ont eu lieu pour 51 000 couples, auxquels il faut ajouter 836 prélèvements provenant de donneuses.

Le nombre de tentatives réalisées à partir d’ovocytes de donneuses continuent d’augmenter : + 10% par rapport à 2018, mais +58% par rapport à 2016. L’ouverture du don de gamètes aux femmes n’ayant pas procréé en 2015[4], qui leur permet de mettre de côté une partie des gamètes donnés dans l’hypothèse « exclusive » où elles deviendraient « infertiles », a augmenté les dons et les possibilités. En moyenne en 2019, une ponction de donneuse permet la réalisation de 1,5 tentatives de PMA pour les couples receveurs.

L’Agence déplore cependant que « cette dynamique ne permette pas encore de satisfaire la demande » des couples demandeurs de plus en plus nombreux : +38,5% en 2019, étant encore « en attente de l’attribution d’ovocytes ».

Pour répondre à cette demande au détriment de la santé des femmes[5], la ponction ovocytaire n’étant pas une simple formalité, l’Agence met régulièrement en place de vastes campagnes publicitaires pour inciter au don d’ovocytes. Et au don de sperme (cf. PMA : l’ABM en campagne).

Du côté des donneuses qui congèlent une partie de leurs ovocytes pour elles-mêmes, l’Agence souligne que les taux de succès des tentatives de fécondation in vitro « résultant de la micro-injection d’ovocytes initialement vitrifiés » sont moindres : « le taux d’accouchement par transfert en 2019 était de 18,2% contre 25,6% en ICSI intraconjugale ». Congeler ses propres gamètes pourrait être un vain espoir, les donneuses pourraient ne jamais avoir d’enfant issu de leur don, leurs ovocytes ayant été abîmés par la congélation.

Né d’un don de sperme

En 2016, après l’ouverture du don de gamètes aux hommes n’ayant pas procréé, les dons ont fortement augmenté : +56,4% en 2016. Pourtant en 2019, tous types de donneurs confondus, leur nombre a diminué de 17,9%.

Dès 2016 cependant, les donneurs ayant déjà procréé sont de moins en moins nombreux passant de 255 en 2015 à 142 en 2019. Ils représentent désormais moins de la moitié des donneurs.

La baisse n’affecte pas à ce jour « l’activité d’AMP ». En effet, le stock attribuable est de 106 749 paillettes de sperme en 2019. Il provient de donneurs qui se sont engagés sous le sceau de l’anonymat et dont le don pourrait être détruit s’ils ne consentent pas à révéler leur identité[6], de façon facultative, et un certain nombre de données non identifiantes les concernant, de façon obligatoire, à la majorité de l’enfant issu de leur don, si celui-ci en faisait la demande.

Les tendances

L’Agence de biomédecine note que « les taux d’implantation embryonnaire semblent augmenter progressivement (…) pour la plupart des techniques ». Elle attribue cette évolution à « la hausse des transferts d’embryons obtenus après culture prolongée ». Une technique qui « consiste à prolonger de trois jours en moyenne la culture embryonnaire pour identifier les embryons capables de se développer in vitro jusqu’au stade de blastocyste et ainsi sélectionner les embryons ayant plus de capacités à s’implanter et donner le plus de chances de grossesse au couple » (cf. DPI-A : le comité d’éthique de l’Inserm contourne le législateur).

Pour éviter les grossesses multiples, plus à risque, et les réductions embryonnaires qui consistent à avorter un embryon ou un fœtus dans le cas d’une grossesse multiple, les transferts d’un seul embryon sont de plus en plus nombreux. Ils représentent 60,6% des transferts réalisés après une FIV[7] en 2019 contre 46,3% en 2016, et 80% des transferts d’embryons congelés, 69,3% en 2016.

Les embryons en attente

Au 31 décembre 2019, 256 826 embryons congelés issus de 89 765 couples étaient conservés.  198 783 d’entre eux (77,4%) faisaient toujours l’objet d’un « projet parental »[8], 28 995 (10,9%) étaient susceptibles d’être adoptés, ou donnés à la recherche, ce qui, dans ce dernier cas, conduira à leur destruction s’ils sont utilisés. Enfin, pour près de 29 800 embryons (11,6%), « les centres ne parviennent pas à recueillir la volonté du couple ».

En 2019, « 48,1% de l’ensemble des tentatives de FIV sont suivies d’une congélation embryonnaire ».

Cette même année, 456 nouveaux couples ont abandonné leurs 1506 embryons à l’adoption. Fin 2019, au total, 8372 embryons destinés à l’adoption étaient en attente. Si peu de couples en accueillent, 128 couples en 2019, c’est à la fois en raison de la lourdeur de la procédure et des « difficultés de la démarche pour les couples concernés » qui jusqu’à présent impliquait le Tribunal de Grande Instance, expliquait l’Agence de la biomédecine. Un régime de « consentement simple » est désormais possible, les consentements des couples receveurs étant « exclusivement » enregistrés par un notaire[9].

37 enfants sont nés de 151 tentatives réalisées en 2019 à partir d’un accueil d’embryon.

 

[1] Cf. Rapport de l’Agence de la biomédecine – Activité d’assistance médicale à la procréation.

[2] Procréation médicalement assistée.

[3] ABM, Rapport d’ Activité d’Assistance Médicale à la procréation 2019, p. 5.

[4] Cf. Publication du décret ouvrant le don de gamètes aux adultes sans enfant

[5] Dans un document publié le 11 octobre par l’Agence de la biomédecine, on peut lire que « dans les heures ou les jours qui suivent le prélèvement, la donneuse peut ressentir une sensation de pesanteur ou des douleurs pelviennes et constater de légers saignements vaginaux. (…) Ils sont en général sans gravité et ne durent pas ». Et aussi que, « dans certains cas, ces effets indésirables peuvent persister ou s’intensifier en raison d’une réponse excessive des ovaires à la stimulation ovarienne (syndrome d’hyperstimulation) » et que « d’autres complications sont liées au geste chirurgical de prélèvement (hémorragie, infection, problème anesthésique…) » (ABM, Le don d’ovocytes).

[6] Modification apportée par la loi de bioéthique du 23 août 2021.

[7] FIV ou ICSI.

[8] Le projet parental légitime-t-il la venue de l’enfant ?

[9] Régime modifié par la loi n°2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018/2022 et de réforme pour la justice (JO 24/03/19).

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