Etats-Unis : Une action en justice contre la commercialisation de la lignée cellulaire HeLa

Publié le 5 Oct, 2021

Aux Etats-Unis, 70 ans jour pour jour après son décès, les avocats de la famille d’Henrietta Lacks demandent une indemnisation pour la vente, par l’entreprise Thermo Fisher, de cellules souches. Ces dernières avaient été obtenues à partir de tissus prélevés à son insu, par les médecins de l’hôpital Johns Hopkins. Henrietta Lacks y était alors soignée pour un cancer du col de l’utérus. Elle décédera en 1951.

Mais, ses cellules ont survécu « étonnamment bien » in vitro. Cette qualité exceptionnelle a permis de cultiver ses cellules “indéfiniment”. Les scientifiques les ont utilisées, afin de développer la première lignée cellulaire humaine. Ils ont ainsi pu reproduire des études en utilisant des cellules identiques. Selon la British Society for Immunology, 70 000 études scientifiques ont eu recours à cette lignée de cellules. Parmi elles, les travaux qui ont conduit au vaccin contre la poliomyélite et à isoler le VIH. Pour la première fois, des cellules humaines étaient cultivées avec succès, à long terme, à l’extérieur du corps. L’hôpital Johns Hopkins assure n’avoir jamais vendu ou profité des lignées cellulaires. Cependant, de nombreuses entreprises ont breveté des moyens de les utiliser.

Les héritiers d’Henrietta Lacks soutiennent que le géant pharmaceutique Thermo Fisher Scientific a tiré des avantages commerciaux des cellules dites HeLa. Elles ont été utilisées dans des dizaines de milliers d’études scientifiques et médicales, longtemps après que leurs origines contraires à l’éthique aient été connues. Les avocats demandent l’indemnisation des héritiers. Ils souhaitent aussi une ordonnance du tribunal obligeant l’entreprise à obtenir la permission de la famille Lacks d’utiliser la lignée cellulaire.

Complément du 31/08/2023 : La famille d’Henrietta Lacks a conclu un accord avec la société de biotechnologie Thermo Fisher qui a tiré profit de ses cellules. « Les termes de l’accord resteront confidentiels », ont indiqué les avocats de la famille.

En 2013, la famille Lacks a conclu un accord avec les National Institutes of Health (NIH), qui lui a accordé certains droits et le contrôle de l’utilisation du code ADN extrait des cellules HeLa.

Thermo Fisher avait tenté à plusieurs reprises de faire classer l’affaire, en invoquant l’expiration du délai de prescription. Cependant, l’avocat de la famille Lacks, Ben Crump, a fait valoir que le délai de prescription n’était pas écoulé puisque les cellules dérivées du matériel génétique d’Henrietta Lacks étaient toujours « activement répliquées ».

A présent, La famille d’Henrietta Lacks poursuit une deuxième société de biotechnologie qui aurait tiré profit des cellules HeLa, la société californienne Ultragenyx Pharmaceutical.

 

Sources : Associated Press, Michael Kunzelman (04/10/2021) ; The Scientist, Catherine Offord (04/10/2021) ; Huffington Post, Michael Kunzelman (04/10/2021) ; BioNews, Georgia Canton (07/08/2023) ; BioNews, Suhayl Beebeejaun (14/08/2023)

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