Recherches sur les causes de l’infertilité : peu d’équipes impliquées en France

Publié le 8 Mai, 2019

L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) organisait mardi dernier une rencontre pour « faire le point » sur les recherches concernant l’infertilité et l’endométriose. La large part faite à ce deuxième axe de recherche, certes crucial, laisse perplexe sur le peu d’intérêt que suscite le premier. Un véritable problème de santé publique auquel notre société ne sait répondre que par la procréation médicalement assistée, solution palliative dont les performances sont limitées (cf. « La PMA n’est pas un gage de réussite ») et les problèmes éthiques nombreux. A quand un plan de recherche sur les causes de l’infertilité, leur traitement et leur prévention ?

 

« Un couple sur 8 consulte pour des difficultés à procréer », nous dit l’Inserm. En cause, des « projets parentaux » tardifs, et la levée des tabous liés à l’infertilité. Mais ces deux phénomènes n’expliquent pas tout : stérilités féminines tubaires, endométriose, anomalies de l’ovulation[1], hypofertilité voire stérilité masculine, les causes de ces troubles sont pour la plupart mal connues et en outre 10% des cas d’infertilités restent inexpliqués.

 

Plusieurs pistes sont explorées en France par des chercheurs Inserm. Ainsi le laboratoire de Nadine Binart travaille à isoler les gènes impliqués dans l’insuffisance ovarienne primaire, dans le but de la prévenir. L’équipe de Jacques Young a pour sa part découvert le mécanisme en jeu dans l’hyperprolactinémie, esquissant un traitement possible par l’administration de kisspeptine (cf. Une hormone pour soigner l’infertilité ?). D’autres ont montré chez la souris « qu’un traitement par l’hormone anti-müllérienne, normalement secrétée par les ovaires, permettait de limiter la réduction du stock de follicules lors d’une chimiothérapie ». Enfin, le développement d’une méthode d’intelligence artificielle automatisée de comptage folliculaire par deep learning se révèlera un gain de temps pour mesurer l’impact de l’environnement sur les ovaires.

 

D’autre part, des recherches sont menées sur la « préservation de la fertilité » de patients atteints de cancers, terme qui recouvre des techniques de réelle conservation des capacités reproductives (prélèvement des tissus germinaux dans le but de les réimplanter et donc de pouvoir mener une grossesse naturelle) mais aussi des techniques plus problématiques associées à la PMA (congélation d’embryons et de gamètes) (cf. Préservation de la fertilité : 17 200 français concernés chaque année). L’Inserm n’annonce rien de nouveau en ce domaine, sinon que « l’amélioration des méthodes disponibles » et le « développement de nouvelles stratégies » sont l’axe de recherche d’une équipe.

 

Aucune recherche sur les facteurs environnementaux (pesticides, pollution, perturbateurs endocriniens), le mode de vie (tabagisme, sédentarité).  Aucune mention d’une quelconque campagne d’information et de prévention. Une prise de conscience serait salutaire pour renforcer la recherche médicale sur ce problème de santé publique. Mais pourra-t-elle seulement poindre, alors que le débat actuel porte sur le meilleur moyen de prendre en charge par PMA les infertilités dites « sociétales » ?

 

Pour aller plus loin :

 

[1] « Syndrome des ovaires polykystiques, hyperprolactinémie, insuffisance ovarienne primaire (qui peut aussi être secondaire aux effets de la chimiothérapie) »

 

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