3 Octobre 2017 : Lancement de la Master-Class Jérôme Lejeune Science et éthique, des fondements à la pratique

Publié le 23 Juin, 2017

La rentrée de  la première Master-class Science et Ethique des fondements à la pratique du Centre bioéthique Jérôme Lejeune est fixée au 3 octobre prochain. Une formation qui s’adressera de façon préférentielle à ceux que leur pratique confronte à d’épineuses questions sur le respect de la vie humaine. Aude Dugast, responsable de la formation, répond aux questions de Gènéthique. 

 

Gènéthique : Vous créez pour la rentrée universitaire 2017, une Master-class Science et éthique, des fondements à la pratique. A qui s’adresse-t-elle ?

Aude Dugast : Nous ouvrons cette formation pour les jeunes médecins, les étudiants en médecine, les chercheurs, les scientifiques confrontés à des évolutions importantes au sein de leur métier. Ces évolutions les poussent aux frontières de questions morales très difficiles à évaluer et la Master Class Science et Ethique Jérôme Lejeune souhaite leur apporter les éléments anthropologiques et scientifiques nécessaires à l’exercice serein de leur métier.

La formation est aussi ouverte aux philosophes et juristes confrontés dans leur champ de réflexion aux bouleversements éthiques engendrés par l’évolution des techniques médicales ou scientifiques.

 

G : Que proposez-vous avec cette Master-Class Jérôme Lejeune

AD : La Master-Class veut offrir une formation d’expertise et personnalisée, à travers un cycle exigeant de 54 heures de cours, qui peut conduire à un certificat d’anthropologie. La Master-class dispense une formation à la croisée des différents niveaux de connaissance, théoriques ou pratiques, permettant d’ancrer sa réflexion aussi bien dans la connaissance des concepts anthropologiques nécessaires (réflexion sur la dignité humaine, le corps, l’humain et la personne, l’acte moral en bioéthique, les fondements de la bioéthique) que dans l’actualité des publications scientifiques les plus récentes, celles-là même qui réinterrogent l’éthique biomédicale (CrispR-cas9, thérapie germinale, critères de la mort, chimie synthétique, transhumanisme, etc.). La formation ne se réduit pas aux questions de début et de fin de vie, mais elle entend aborder l’ensemble des problématiques qui peuvent se poser au soignant (cf. programme). Enfin, en tant que Master-Class Jérôme Lejeune, nous offrons un module de formation sur la trisomie 21 (annonce, accueil, soin, …), sujet totalement absent des cursus habituels.

54h de formation c’est à la fois beaucoup et peu :nous irons à l’essentiel avec des modules qui se complètent et se répondent. Les enseignements donnés par des professeurs universitaires, des cliniciens et des experts juristes ou philosophes, seront enrichis des dernières publications scientifiques afin de permettre aux étudiants de pousser une réflexion qui pourra se poursuivre à travers des cas très pratiques.

 

G : Comment avez-vous établi le programme ?

AD : Nous avons étudié les cours qui sont donnés en médecine et nous nous sommes rendus compte que si la formation technique est très poussée -la médecine française est effectivement une des meilleures au monde – la formation éthique est succincte et essentiellement procédurale. L’idée était de combler ces lacunes en nourrissant la réflexion des étudiants. En quelque sorte, nous inviterons les étudiants à revisiter, par une morale fidèle au serment d’Hippocrate, l’enseignement technique de haut niveau qu’ils reçoivent.

 

G : Qu’est-ce qui a conduit la Fondation Lejeune à lancer cette Master-class ?

AD : Aujourd’hui, une nouvelle génération de jeunes médecins et d’étudiants en médecine émerge. Ils sont motivés et souhaitent s’engager au service des patients. Ils s’inquiètent des pressions dont ils pourraient être victimes pour les inciter à pratiquer des actes contraires à l’éthique biomédicale. Le Serment d’Hippocrate écrit 400 ans avant Jésus-Christ et que tout médecin prononçait jusqu’à récemment en France, est clair : « Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif ». Ces jeunes désirent à la fois une grande expertise scientifique et des repères anthropologiques qui les éclairent sur le sens et les limites à ne pas franchir pour rester respectueux, en toutes circonstances, de ce serment, au service de la dignité des patients. Cette Master-class Jérôme Lejeune leur offrira ces points d’appui anthropologiques, philosophiques, scientifiques et techniques.

Par ailleurs, beaucoup de patients n’ont plus confiance dans le corps médical, ce qui est dramatique. Nombreux sont ceux qui nous demandent des références de médecins qui ne les inciteront pas à supprimer leur enfant handicapé, ou de gériatres qui ne pratiqueront pas une euthanasie déguisée. Pour eux aussi, la Master-class est un début de réponse, bien modeste ; c’est l’assurance de recréer ou d’étoffer un réseau de praticiens qu’ils pourront consulter avec l’assurance d’être absolument respectés, quelle que soit la gravité de leur handicap, de leur maladie et de leur âge.

Cette réflexion sur la médecine ne remet évidemment pas en cause le dévouement et la bonne volonté des praticiens partageant un autre référentiel éthique.  Il est évident que tous les médecins, y compris ceux qui se sont affranchis du Serment d’Hippocrate, veulent le bien de leur patient. La question est : quel est ce bien ? Aujourd’hui la médecine ne vise plus la bonne santé physique du patient, mais son état de bien-être. Ce qui est très différent et explique l’évolution de la pratique médicale. Ce faisant, les médecins subissent d’énormes pressions : pour maintenir l’état de bien-être, ils doivent éradiquer le handicap, la maladie incurable, la souffrance, au risque d’éliminer le patient. L’analyse ne porte donc pas sur les motivations du médecin, mais sur ce qu’il discerne comme étant le bien du patient. En parallèle, on a  « oublié » que toute vie humaine a une valeur en soi, que le respect de la vie est un principe intangible ; la vie (et la mort) est devenue une variable sur laquelle le médecin peut agir pour maintenir le patient dans le bien-être. Le bien-être est devenu la valeur absolue et la vie, la variable d’ajustement. Aussi, trouver un médecin tout à fait respectueux de la vie, de son début à sa fin naturelle est devenu très difficile. C’est pour tenter, à notre échelle, d’aider les médecins et de rassurer les patients, que cette formation nous est parue nécessaire.

 

Informations pratiques :
1 – Où ? Tous les cours peuvent être suivis en e-learning ou sur place à la Fondation Lejeune, 37 rue des Volontaires, Paris 15ème.

2 –  Quand ? : 3 mardis soir/mois (20h-22h) et 2 samedis /semestre (9h-17h),

d’octobre 2017 à avril 2018

3 – Pour s’inscrire ou pour toute question : centrebioethique@fondationlejeune.org

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