Master class Science et éthique Jérôme Lejeune : “servir la vie humaine”

Publié le 30 Juin, 2022

La Master class Science et éthique Jérôme Lejeune est une formation d’expertise pour les étudiants en médecine, jeunes médecins, infirmiers, sages-femmes, chercheurs, qui rappelle les fondamentaux de la médecine hippocratique et confronte ces principes aux évolutions techniques et législatives. Aude Dugast, directrice de la Master class répond aux questions de Gènéthique.  

Gènéthique : La Fondation Jérôme Lejeune a lancé cette Master-class Science et éthique pour les jeunes soignants, et visiblement, c’est un succès puisque vous avez déjà accueilli 650 étudiants depuis sa création il y a 5 ans. Qu’apporte cette formation de particulier ?

Aude Dugast : La crise du Covid a manifesté l’immense fragilité du système hospitalier français et révélé, dans ces situations extrêmes de soin, que les soignants et leurs dirigeants n’étaient pas bien armés pour poser des choix éthiques responsables. Il serait illusoire et dangereusement réducteur de penser qu’à toute situation extrême, il y a une solution facile. Certainement non. Mais c’est justement pour être capables de faire face à ces situations délicates que les futurs soignants doivent être bien armés intellectuellement et moralement. Il faut avoir déjà étudié et assimilé les critères de discernement d’un acte éthiquement bon, en médecine, et avoir une bonne connaissance du terrain, pour être capable, en toutes circonstances, de pratiquer une médecine hippocratique respectueuse du patient. Quand on voit aussi combien la pression politique s’accroît pour légaliser l’euthanasie, après toutes les évolutions déjà entérinées par les lois de bioéthique, il devient non seulement utile mais nécessaire de réagir et de se former.

G : Vous proposez des cours d’éthique médicale interrogeant les progrès techniques les plus récents, mais aussi des cours de droit et de philosophie. Pourquoi cet intérêt pour la philosophie ?

AD : Comme en toutes choses, avant d’agir il faut réfléchir. Pour les soignants, l’anthropologie et la philosophie permettent de s’interroger sur la finalité de la médecine et les moyens utilisables en vue de ce but. Elles les aident à réfléchir sur leur rôle, en voyant à la fois la grandeur et les limites de la médecine. Les soignants sont au service d’une réalité immense : la vie de leurs patients, mais ils ne sont pas démiurges : ils ne sont pas propriétaires de cette vie. Cela nécessite aussi de réfléchir sur la dignité et la place du patient dans cette relation de soin. Au lieu de patient nous devrions d’ailleurs dire ‘personne patiente’ ce qui suppose que l’on soigne une personne et que cette personne ‘endure’ et ‘fait preuve de patience’ à l’égard de la maladie et parfois du soignant… Cela aide les soignants à rester centrés sur l’essentiel, malgré les difficultés croissantes de leur beau métier. Ces cours permettent aussi de comprendre que les pressions exercées sur la médecine ne sont pas le fruit du hasard, elles sont l’expression de philosophies trop souvent utilitaristes, et en avoir conscience aide à se positionner en conséquence.

G : Comment se déroule la formation ?

AD : Ce sont 74 heures, en cours du soir, dispensés par des professeurs d’université réputés en médecine, droit et philosophie, parmi lesquels Rémi Brague, Dominique Folscheid et Olivier Rey en professeurs invités. Les cours sont accessibles en présentiel (à Paris) ou en e-learning (Campus on-line). Les étudiants qui le désirent peuvent obtenir un certificat d’anthropologie.

 G : Etes-vous optimiste pour l’avenir de la médecine hippocratique ?

AD : La médecine française, malgré le dévouement de beaucoup de soignants, ne vit pas ses heures de gloire, chacun le sait. Toutefois, nous avons de vraies raisons d’espérer car nous assistons à l’émergence d’une génération de jeunes médecins désirant être des serviteurs de la vie. C’est dire qu’ils choisissent la médecine pour servir la vie humaine, avec un immense respect pour leurs patients, quel que soit leur état de faiblesse et de dépendance.

Avec Jérôme Lejeune nous sommes persuadés qu’il est possible d’agir : «Le degré de civilisation d’une société se mesure exactement au respect qu’elle porte aux plus faibles de ses membres. Je l’ai déjà dit, mais je le répète car il n’y a pas d’autre ligne de conduite pour la médecine toute entière. […] Les enfants malades, qui parlera pour eux ? Les vrais médecins bien sûr. […] On ne peut pas penser que la médecine d’aujourd’hui soit dégénérée. Il y a un véritable foisonnement d’idées d’observations dans le monde entier. Tous les pays du monde comptent de vrais chercheurs, de vrais médecins, pour la vie. Alors nous ne sommes pas désemparés. Nous voulons aider tous les soignants qui sont convaincus que la mort n’est pas la victoire. »

Le succès de la Master class qui a formé 650 étudiants en 5 ans est véritablement un signe d’espérance.



Témoignage de Bertille, étudiante de la Master-class 2021-2022

Gènéthique : Qu’est-ce qui vous a paru le plus intéressant dans cette formation ?

Bertille : Durant cette année de formation, j’ai été frappée par la disponibilité des intervenants et par leur soif de transmettre. Malgré nos lacunes sur les sujets abordés, ils ont su adopter un discours clair pour rendre accessibles les enjeux complexes. J’ai apprécié la diversité des interventions et notamment les témoignages qui nous ont permis de réaliser l’application concrète de ces enjeux dans le domaine médical.

G :  Pourquoi avez-vous souhaité suivre cette formation ?

B : Je souhaitais suivre cette formation pour approfondir mes connaissances, comprendre les courants philosophiques sous-jacents ainsi que les enjeux. Ces cours nous donnent une vision plus large, à la fois éthique, médicale et juridique. La Master class donne une vision différente de celle dispensée à l’université et plus humaine. J’ai été frappée par différents témoignages de soignants sur le regard porté sur les patients. Alors que les soignants souffrent d’être soumis aux diktats de la rentabilité, cette formation recentre la médecine sur le cœur du métier c’est-à-dire le patient. Enfin, la formation permet de donner des clés de réponses à des situations concrètes et complexes.



En pratique : 

Pour qui ? Jeunes médecins et étudiants en médecine (dès la 1ère année), infirmiers, sages-femmes, chercheurs, biologistes, juristes, philosophes (Bac + 3).

Les cours : 74 heures de cours délivrés par des professeurs universitaires : médecins, philosophes, juristes et membres de comités d’éthique internationaux.

Où ? En e-learning ou sur place (Paris 15ème).

Quand ? : 11 octobre 2022 – 30 mai 2023 – Les mardis soirs (hors vacances scolaires de Paris) (20h-22h) et 2 samedis (9h-19h).

Tarif : 200 € pour les étudiants. 250 € pour les professionnels.

Information et Inscription (dossier de candidature à envoyer avant le 30 septembre 2022) : centrebioethique@fondationlejeune.org et https://www.fondationlejeune.org/master-class-bioethique

Photo : iStock

Partager cet article

Synthèses de presse

Ecosse : le NHS interrompt la prescription de bloqueurs de puberté pour les mineurs
/ Genre

Ecosse : le NHS interrompt la prescription de bloqueurs de puberté pour les mineurs

La clinique Sandyford de Glasgow a décidé d’interrompre la prescription de bloqueurs de puberté aux mineurs ...
« Soins d’accompagnement » : médecins et infirmiers opposés au changement de terminologie
/ Fin de vie

« Soins d’accompagnement » : médecins et infirmiers opposés au changement de terminologie

Infirmiers et médecins indiquent leur préoccupation « en raison des divergences avec la terminologie internationale et leurs conséquences pour la ...
Mettre le feu au matelas de son grand-père pour l’« aider à mourir » ?
/ Fin de vie

Mettre le feu au matelas de son grand-père pour l’« aider à mourir » ?

Une femme de 32 ans encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué son grand-père en mettant le feu ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres