Dans un magazine américain, The Intercept, un ancien doctorant au MIT, Rodrigo Ochigame, dénonce « l’invention de l’intelligence artificielle éthique ». Depuis 2016, les 5 géants du numérique alias Microsoft, Google, Facebook, IBM et Amazon, ont lancé des programmes pour « établir des principes éthiques pour financer l’intelligence artificielle » et « faire émerger des principes éthiques sur la question ». Pourtant, le doctorant s’interroge : « Est-ce la promotion de l’éthique ou une manière de s’autolégitimer ? » Dans ce domaine en effet, si les questions éthiques sont prégnantes : « Jusqu’où l’être humain peut-il déléguer certaines tâches ? La prédiction est-elle applicable à tous les domaines ? »…, le journaliste Loup Besmond de Senneville note qu’ « il existe bel et bien une manière de biaiser les débats ». Si les philosophes sont souvent appelés à la rescousse, certains utilisateurs « considèrent qu’il est risqué de dire publiquement que l’on se pose des questions sur une recherche », quand pour d’autres, ils doivent juste « servir à trouver les bons mots pour faire passer les bonnes idées ».
La Croix, Loup Besmond de Senneville (04/01/2020) – L’éthique est-elle un produit marketing comme un autre ?