Après le Human Genome Project (cf. Séquençage du génome humain : où en sont les promesses annoncées ?), des chercheurs s’attaquent désormais au « Earth Biogenome Project » (EBP). L’objectif est de séquencer le génome de toutes les espèces complexes sur Terre.
Cinq mille scientifiques sont impliqués, répartis dans quarante-quatre institutions, implantées dans vingt-deux pays. Le projet a officiellement débuté en 2018, mais la première phase se lance cette année [1] : les chercheurs vont « essayer de séquencer un représentant de chaque famille taxonomique, soit environ 9400 génomes ». Un tiers pourrait être fait d’ici la fin de l’année.
Lors de la phase 2, dont la date de lancement n’est pas encore fixée, les chercheurs « séquenceront un représentant de chaque genre taxonomique, ce qui représente cette fois 180 000 individus ». Enfin la phase 3 consistera à « séquencer l’intégralité des organismes ‘complexes’ décrits dans la littérature scientifique, soit environ 1,8 millions de génomes de plantes, d’animaux, de champignons [2]… ».
A terme, ils disposeront d’« un véritable catalogue » leur permettant de repérer les différences entre deux espèces. Or « la capacité à comparer les génomes d’ espèces apparentées de près ou de loin est un outil formidable pour découvrir ce que font les gènes et la façon dont ils sont régulés », s’enthousiasme Jenny Graves, professeure de génétique évolutive affiliée au projet.
Aujourd’hui, la plupart des chercheurs travaillent sur des organismes modèles restreints : souris, drosophile, poisson zèbre. Avec l’EBP, ils espèrent « découvrir de nouveaux modèles potentiels ».
Le projet, « pharaonique », mettra « des années, voire des décennies à aboutir ». Il est rendu possible par les avancées dans le domaine du séquençage du génome, plus rapide et moins cher aujourd’hui qu’à ses débuts (cf. Des chercheurs de Stanford battent le record de vitesse de diagnostic de maladies génétiques). Une fois terminé, le Earth Biogenome Project « changera à jamais la façon dont la recherche biologique est effectuée », estime Jenny Graves.
[1] Plusieurs articles publiés cette semaine décrivent les objectifs du projet, les réalisations à ce jour et les prochaines étapes.
[2] Tous les eucaryotes
Sources : Journal du Geek, Antoine Gautherie (20/01/2022) ; The Conversation, Jenny Graves (18/01/2022) ; Phys.org (17/01/2022)