Dans une déclaration commune publiée le 3 mars dans la revue Nature, les comités d’éthique français (CCNE), allemand (Deutscher Ethikrat) et britannique (Nuffield Council on Bioethics) « appellent à la mise en place d’une régulation internationale pour toute modification transmissible du génome humain » et considèrent que les enjeux éthiques doivent être « au cœur de toute discussion sur l’édition du génome transmissible à la descendance ». Regrettant les manipulations génétiques du chercheur He Jiankui qui ont conduit à la naissance de “jumelles génétiquement modifiées” en 2018 (cf. Chine : naissance de deux bébés génétiquement modifiés), ils appellent « les états à placer de façon univoque l’édition du génome transmissible sous le contrôle des autorités publiques concernées et de sanctionner tout abus de façon appropriée ». Ils estiment par ailleurs qu’« aucun essai clinique d’application de l’édition du génome transmissible à la descendance ne saurait être mené avant qu’un grand débat de société ne soit organisé sur l’acceptabilité par la société de ces interventions ».
Cependant, les trois comités d’éthiques ne condamnent pas « le principe de la modification transmissible du génome », ils « ne considèrent pas que la lignée germinale humaine soit catégoriquement inviolable », mais jugent seulement que son utilisation est précoce. Faisant référence par exemple aux effets « off target », embryons mosaïques, ils expliquent qu’« aucun essai clinique d’application de l’édition du génome transmissible ne saurait avoir lieu tant que la recherche n’aura pas ramené à un niveau acceptable les incertitudes considérables planant actuellement sur les risques d’une utilisation clinique ». La définition des « cas où l’application clinique de l’édition du génome transmissible pourrait être moralement permise » restant pour chaque entité divergente.
La publication de cet appel intervient alors que le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) a publié ce 3 mars un avis 133 sur ces questions. Il se prononce pour « un moratoire international préalable à toute mise en œuvre, réitère son opposition au recours à ces techniques dans une perspective transhumaniste d’homme augmenté ».
Pour aller plus loin :
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La Croix, Loup Besmond de Senneville ( 04/03/2020) – Le quotidien du médecin, Coline Garré (03/03/2020)