« Thérapies de conversion » : « On fait une loi pour interdire quelque chose qui n’existe pas »

Publié le 31 Jan, 2022

« Les thérapies de conversion n’ont jamais existé sinon uniquement dans les pays anglo-saxons ». « Autrement dit, on fait une loi pour interdire quelque chose qui n’existe pas en France. » Christian Flavigny, pédopsychiatre et psychanalyste, revient sur la loi que le Parlement a adoptée le 25 janvier afin d’interdire les « thérapies de conversion », avec comme intention « plus ou moins avoué[e] » d’« empêcher toute mise en question du souhait d’adolescents voulant changer de sexe, notamment de la part des parents » (cf. « Thérapies de conversion » : un nouveau délit dans le Code pénal ; Loi sur les « thérapies de conversion » : les parents et professionnels de santé mis à l’écart).

Un « désarroi psychologique »

« On dénomme “transgenre” des personnes qui disent “je me sens de l’autre sexe, rappelle le médecin ; mais on risque ainsi d’accréditer qu’elles seraient véritablement de l’autre sexe du fait d’une erreur de la nature qui aurait “mis une âme de fille dans un corps de garçon” (ou l’inverse). » Une explication qui émane « des militants américains », précise le pédopsychiatre, « évidemment sans aucune pertinence ».

Car « il s’agit en réalité d’un désarroi psychologique très profond, qui fait que le jeune ou la jeune n’arrive pas à s’approprier son sexe corporel comme le fondement de son identité ». Un désarroi dont témoigne Sinéad Watson dans le Times. Née fille, la jeune Ecossaise « s’identifie » homme à 20 ans. Un traitement hormonal et une double mastectomie plus tard, elle finit par arrêter la testostérone à 27 ans et recommence à « vivre comme une femme ».

L’influence d’internet

Enfant, Sinéad a toujours été un « garçon manqué ». Ce qui n’était pas un problème. Adolescente, elle est victime d’agressions sexuelles à plusieurs reprises, aggravant « le malaise avec son corps physique ». Mais « elle n’avait jamais envisagé qu’elle pouvait en fait être du mauvais sexe jusqu’à ce qu’elle commence à regarder les forums en ligne » (cf. Changement de sexe chez les enfants : « C’est comme si mon fils était sous emprise »).

En 2014, après un an d’attente, elle obtient une consultation au Sandyford. Surprise de voir « à quel point les questions étaient peu invasives », elle obtient une prescription hormonale. « Il n’y a pas eu d’enquête plus approfondie sur ce qui aurait pu causer sa dépression. Les agressions n’ont jamais été évoquées. »

Mais après sa mastectomie et alors qu’elle envisageait une chirurgie « du bas », sa dépression refait surface et les doutes apparaissent. Sinéad arrête son traitement hormonal.

Le rôle de la loi

En Ecosse, la réforme de la loi sur « la reconnaissance du genre » doit bientôt permettre aux jeunes de « changer légalement de sexe » après trois mois au lieu des deux ans actuels. « Les ministres écossais ont subi des pressions de la part de certains groupes pour que ce processus rapide soit disponible pour les enfants dès 12 ans ». (cf. Changement de sexe chez les enfants : « un des plus grands scandales sanitaire et éthique »)

En France, avec la loi sur les « thérapies de conversion », « l’objectif est d’accréditer que la demande à changer de sexe devrait être accordée dès lors qu’elle est formulée », décrypte Christian Flavigny. « Il s’agit de rendre impossible toute contestation de la demande du jeune, autrement dit d’entraver toute mise en réflexion de sa demande. »

Un « leurre »

« C’est un leurre que cette transition, estime le pédopsychiatre, puisqu’elle est un mirage de solution, mirage dont les jeunes, dans leur désarroi, ne peuvent mesurer les conséquences. » Toutefois, « il faut prendre en compte très sérieusement le malaise qu’ils expriment à travers cette demande, mais en les aidant à s’approprier le sexe qui est celui de leur corps », recommande-t-il.

Christian Flavigny appelle à « demander l’abrogation de la loi récente qui se drape dans une apparence de protéger les enfants alors qu’elle favorise leur embarquement dans des solutions factices dont ils ne peuvent mesurer les enjeux ». « Depuis une vingtaine d’années, nous assistons à l’organisation de la déstructuration du lien familial et la démission obligatoire des adultes, sous couvert de respecter la parole des jeunes : il faut contester cette posture en France car notre culture permet une autre approche, respectueuse de tous, mais refusant la disqualification du lien parents-enfants ».

 

Sources : The Times, Sarah Ditum (29/01/2022) ; Aleteia, Christian Flavigny (29/01/2022)

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