Thérapie génique de la drépanocytose : une augmentation du risque de cancer du sang

Publié le 28 Nov, 2023

Des chercheurs ont révélé qu’un traitement par thérapie génique de la drépanocytose a entraîné une accumulation de cellules présentant des mutations génétiques qui les font croître plus rapidement, augmentant ainsi le risque de cancer du sang. Ils ont publié leurs travaux dans la revue Nature Medicine [1].

Des mutations moins fréquentes chez les jeunes patients

L’équipe, dirigée par l’université de York, a analysé des échantillons de cellules sanguines provenant de six patients atteints de drépanocytose et soumis à une thérapie génique dans le cadre d’un essai clinique à l’hôpital pour enfants de Boston. En utilisant le séquençage du génome complet, les scientifiques ont suivi et comparé les modifications de l’ADN dans les cellules souches des patients avant et après la thérapie génique.

Après le traitement, ils ont observé une accumulation de cellules souches présentant des mutations de l’ADN qui favorisent la croissance et la prolifération des cellules. Ces mutations sont associées aux cancers du sang, tels que la leucémie. Elles  sont également plus fréquentes chez les personnes âgées, car les mutations génétiques s’accumulent tout au long de la vie. L’étude a par ailleurs révélé que les patients plus jeunes, qui ont accumulé moins de mutations génétiques, n’ont pas montré la même augmentation des mutations après le traitement.

« La relation entre les résultats de cette étude et le risque de cancer du sang n’est pas encore totalement comprise », prévient le professeur David Kent de l’Institut de recherche biomédicale de York, co-auteur de l’étude.

D’autres thérapies géniques, les mêmes risques ?

L’approche de thérapie génique utilisée dans l’essai clinique examiné dans cette étude est différente de celle mise en œuvre dans le développement de la thérapie Casgevy, récemment approuvée par les autorités britanniques (cf. Drépanocytose : une thérapie jugée « sûre » par la FDA). Celle-ci fait appel à l’édition du génome via l’outil CRISPR.

Toutes deux ciblent le gène BCL11A afin d’« activer la production d’hémoglobine fœtale », mais cet essai clinique a utilisé un « nouveau concept », appelé vecteur shimiR, dans lequel le matériel génétique est délivré aux cellules par un vecteur lentiviral.

Cette recherche suggère que ce n’est pas le traitement lui-même qui est à l’origine des mutations, mais plutôt le processus ex vivo d’édition des cellules en dehors du corps du patient, suivi d’une retransplantation.

Un besoin d’investigations

« D’autres essais n’ont pas fait l’objet d’une analyse aussi approfondie », pointe le Dr David Williams, de l’hôpital pour enfants de Boston et de la faculté de médecine de Harvard, coauteur de l’étude. Toute manipulation ex vivo pourrait avoir des conséquences similaires.

Cette étude souligne la nécessité de mener des études « approfondies et à long terme » pour surveiller les patients qui suivent des thérapies géniques afin de comprendre pleinement dans quelle mesure elles sont sûres.

Un essai de phase 2, financé par les National Institutes of Health et la California’s Stem Cell Agency, est actuellement en cours.

 

[1] Clonal selection of hematopoietic stem cells after gene therapy for sickle cell disease

Source : BioNews, Yan Lau (27/11/2023)

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