Royaume-Uni : une double transplantation pour éviter le traitement immunosuppresseur

Publié le 25 Sep, 2023

Aditi Shankar, une petite fille britannique âgée de 8 ans a subi une double transplantation : un rein et des cellules souches de moelle osseuse [1] venant de sa mère lui ont été greffés [2]. En « reprogramm[ant] son système immunitaire de sorte qu’il reconnaisse l’organe comme étant sien », ce protocole vise à éviter la prise d’immunosuppresseurs à vie (cf. Pour éviter que la greffe de cœur ne soit rejetée, on lui transplante aussi un foie). Les médecins présenteront leurs résultats au cours de la conférence de la Société européenne de néphrologie pédiatrique cette semaine.

Une méthode récente

Ce protocole est appelé « double greffe d’organe immunitaire/solide ». Il a été développé par des chercheurs de l’université de Stanford et approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) en mai 2022 [3].

La transplantation de cellules souches hématopoïétiques « confère un système immunitaire génétiquement neuf », ces cellules se convertissant en cellules immunitaires sanguines. Pour éviter la maladie du greffon contre l’hôte (GVHD)[4], l’équipe d’Alice Bertaina, une des conceptrices de la technique, l’a modifiée [5].

Aditi a subi la greffe de rein 6 mois après la greffe de cellules souches de moelle osseuse. Elle est désormais de retour à l’école.

Vers un élargissement du protocole

Les reins provenant de donneurs décédés sont fonctionnels en moyenne 11,7 ans. Une durée qui passe à 19 ans dans le cas de donneurs vivants.

Les chercheurs de Stanford envisagent d’élargir leur protocole à davantage de types de patients, comme des enfants qui, ayant reçu un premier rein, les rejettent. Ils souhaitent également l’adapter à la transplantation d’organes issus de donneurs décédés (cf. Des reins de nouveau-nés greffés à des adultes ?).

 

[1] hématopoïétiques

[2] La petite fille souffre de dysplasie immuno-osseuse de Schimke (SIOD), une maladie héréditaire qui affaiblit le système immunitaire et induit une défaillance rénale. La technique utilisée doit également renforcer son système immunitaire.

[3] A. Bertaiana, Sequential Stem Cell–Kidney Transplantation in Schimke Immuno-osseous Dysplasia, N Engl J Med 2022; 386:2295-2302 DOI: 10.1056/NEJMoa2117028

[4] Cette technique présente le risque que les cellules s’attaquent à celles de l’hôte. La maladie du greffon contre l’hôte peut être fatale dans les cas sévères.

[5] « Après avoir collecté les cellules souches du donneur, les chercheurs procèdent à une déplétion (réduction) des lymphocytes T alpha-bêta ». Par la suite, « 60 à 90 jours après l’intervention, les cellules T alpha-bêta du patient reviennent à leur taux normal et rétablissent une fonction immunitaire optimale ».

Source : Trust my science, Vasiloa Rasolofo et J. Paiano (23/09/2023)

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