Le 25 mars, s’étant présentée à l’hôpital Bulovka de Prague pour un « contrôle de routine », une femme enceinte de quatre mois a subi un avortement « par erreur » après que les médecins l’ont confondu avec une autre patiente d’origine asiatique comme elle. Placée sous anesthésie générale, elle a enduré, sans son consentement et à son insu, un curetage de l’utérus qui a provoqué une fausse couche.
L’erreur serait due à « la barrière de la langue ». Ne parlant ni le tchèque ni l’allemand, la femme n’aurait pas compris les explications relatives à la procédure médicale et aurait signé la déclaration de consentement même si le nom de l’autre patiente y était inscrit. « Le personnel aurait dû se rendre compte que la patiente ne comprenait pas le contenu de la déclaration » a déclaré Dagmar Raupachová, l’avocate de la victime.
Le ministère tchèque de la Santé a présenté « ses profonds regrets » à la victime et sa famille. Elle devrait être indemnisée d’un montant pouvant atteindre près de 400.000 euros même si, comme l’affirme le vice-ministre de la Santé Kamal Farhan, « la perte subie par la mère ne peut être compensée par des moyens financiers ».
Les responsables de cet acte ont été suspendus et une enquête est en cours pour « négligence grave ».
En République tchèque l’avortement est légal jusqu’à 12 semaines de grossesse et jusqu’à 24 en cas de complications médicales.
Complément du 04/04/2024 : L’hôpital a présenté ses excuses à la patiente ce jeudi. « Malheureusement, il s’agit d’une erreur humaine, d’une défaillance humaine », a déclaré Jan Kvacek, le directeur de l’établissement. Assurant être « profondément désolé » pour cette « confusion “tragique” », il a précisé que la patiente s’est vu offrir une assistance psychologique et juridique. « Elle a sans aucun doute le droit de recevoir une compensation », a ajouté le directeur. Suite à cette « erreur », l’hôpital a suspendu un employé et imposé à un autre de travailler « sous la supervision d’un expert ».
Une Française, Thi-Nho Vo, avait perdu son bébé en 1991 à la suite d’une « erreur similaire » survenue à Lyon. Elle avait alors déposé une plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme, accusant l’hôpital d’avoir commis un homicide involontaire. Sa plainte avait été rejetée en 2003 par la CEDH. « L’avortement involontaire d’un fœtus ne constitu[e] pas un homicide involontaire », avait estimé la Cour (cf. Si l’atteinte par accident à la vie d’un enfant non encore né n’est pas un homicide involontaire, qu’est-ce donc ?).
Sources : 7 sur 7, Baptiste Meslin (01/04/2024) ; New York Times, Jesse O’Neill (01/04/2024) ; AFP (04/04/2024)