Pression sur les médecins, manque de contrôle … : Un rapport du NHS met en cause le Tavistock Centre

Publié le 14 Mar, 2022

Un rapport provisoire émanant du NHS britannique [1] affirme la « nécessité d’un modèle de soins fondamentalement différent pour les enfants atteints de dysphorie de genre afin de répondre à leurs besoins ». Le Dr Hilary Cass, en charge d’une refonte majeure des services en Angleterre, ancien président du Royal College of Paediatrics and Child Health et auteur du rapport, souligne que ces jeunes « doivent pouvoir bénéficier d’un soutien psychologique ».

Actuellement, il n’existe qu’une seule clinique spécialisée sur les questions de dysphorie de genre chez les enfants et les adolescents en Angleterre et au Pays de Galles : le Gender Identity Development Service (GIDS) du Tavistock Centre à Londres. Une clinique jugée « inadaptée » suite à l’inspection réalisée fin 2020 (cf. Surdiagnostics de dysphorie de genre chez des enfants : 35 psychologues démissionnent au Royaume-Uni).

Ces dernières années, le nombre de personnes adressées à la clinique a fortement augmenté, passant de 50 par an en 2009 à 2500 en 2020. La liste d’attente est de deux ans environ, elle recense 4600 personnes. Au printemps dernier, la Care Quality Commission avait exigé « des mises à jour mensuelles sur le nombre de personnes inscrites sur les listes d’attente et sur les mesures prises pour les réduire ».

La pression « trans-affirmative »

Le rapport du NHS note que de nombreux jeunes pris en charge par le Tavistock and Portman NHS Foundation Trust souffrent de divers troubles psychologiques. Environ un tiers d’entre eux sont atteints d’autisme ou d’une autre pathologie. Ainsi, le Dr Hilary Cass pointe un danger appelé « éclipse du diagnostic » : les problèmes de santé d’un enfant « peuvent être négligés après qu’ils ont été identifiés comme ayant une détresse liée au genre » (cf. Royaume-Uni : une jeune femme poursuit la clinique où elle a subi une « transition de genre »). Selon le rapport, les médecins ressentent une pression à adopter une approche « affirmative [2] inconditionnelle ». Ce qui va « à l’encontre du processus standard d’évaluation clinique et diagnostic qu’ils ont été formés à entreprendre dans toutes les autres situations cliniques ».

L’auteur du rapport souligne par ailleurs que le Tavistock Centre n’a pas réalisé « de collecte de données systématique et cohérente » et que « son approche n’a pas été soumise à certains des contrôles de qualité habituels lorsque des traitements nouveaux ou innovants sont introduits » (cf. Dysphorie de genre : « primum non nocere »).

Le rapport du NHS réserve pour le moment son avis en matière de traitements, tels que l’administration de bloqueurs de puberté ou d’hormones antagonistes. Mais « il travaille à l’élaboration de recommandations » qui doivent être publiées dans les prochains mois. Il existe « encore beaucoup de choses que nous ne savons pas sur les effets à long terme” des traitements hormonaux », affirme le Dr Cass dans une lettre qui s’adresse directement aux jeunes concernés (cf. Questionnements de genre chez les enfants : un colloque pour éclairer parents et professionnels).

 

[1] National Health Services

[2] Lexique de la mouvance transgenre qui promeut l’ « affirmation » du genre en fonction du seul ressenti de la personne

Sources : BBC, Claudia Allen (12/03/2022) ; The Guardian, Libby Brooks (10/03/2022) ; Daily Mail, Shaun Wooller (11/03/2022) – Photo : iStock

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