PMA : la procréation vise la productivité

Publié le 10 Juil, 2023

« Un incubateur d’embryons innovant “time-lapse”, doté d’intelligence artificielle, est en service depuis trois mois au sein du laboratoire de procréation médicalement assistée de CBM 25, installé dans les locaux de la Polyclinique de Franche-Comté à Besançon. » [1] Pour le laboratoire, c’est une bonne nouvelle.

« Cet incubateur “time-lapse” apporte un confort de travail et permet des conditions de culture optimales pour les embryons », explique le Dr Elodie Valot-Martin, médecin biologiste. Car auparavant, il fallait sortir les embryons de l’incubateur pour les examiner au microscope. « Une pratique impliquant une gestion stricte du temps n’excédant pas trois minutes, pour ne pas perturber la température, qui doit rester à 37° ». Désormais, chaque embryon est photographié toutes les vingt minutes, « sous plusieurs angles ». Un examen sous toutes les coutures visant à offrir « une lecture complète du développement de l’embryon, de la fécondation jusqu’à la réimplantation dans l’utérus » afin de sélectionner l’heureux élu. Un tri effectué en faisant appel à l’intelligence artificielle dont est doté l’appareil (cf. DPI : une intelligence artificielle pour trier les embryons ?).

L’amélioration du procédé

L’évolution de « l’ovule fécondé » est suivie entre trois et cinq jours par le laboratoire de PMA. Des scientifiques cherchent d’ailleurs à perfectionner cette étape de la « chaîne de fabrication ».

Ainsi, une étude[2] menée par des chercheurs néerlandais indique que les femmes ont autant de chances de donner naissance à des bébés vivants si les embryons sont transférés dans leur utérus trois jours après la fécondation en laboratoire plutôt que cinq. Des résultats obtenus via l’analyse de cycles de PMA pratiqués sur 1202 femmes qui sont nuancés en fonction de l’âge des femmes[3].

Jusqu’à présent les scientifiques pensaient qu’il était « plus facile » de sélectionner les embryons « les plus viables » s’ils avaient atteint le stade du blastocyste (cf. Embryons mosaïques : le DPI face à ses limites ?). « On pensait également que l’utérus était plus réceptif après cinq jours. » Mais « cultiver des embryons plus longtemps » en dehors de l’utérus comporte des risques, et les effets sur les enfants ainsi conçus, plus tard dans la vie, ne sont « pas encore clairs » [4]. Les auteurs de l’étude procèdent désormais à « une analyse coût-bénéfice », « à la fois sur le plan financier et sur celui de la santé mentale et physique » des patientes.

Jusqu’où ira-t-on pour « optimiser la production » d’êtres humains in vitro ?

 

[1] L’Est Républicain, Procréation assistée : un incubateur d’embryons dernier cri à Besançon (18/06/2023)

[2] Presentation no: O-005, “The ToF-study—comparing the cumulative live birth rate of blastocyst-stage versus cleavage-stage embryo transfers in good prognosis IVF patients: a multicenter randomized controlled trial”, presented by Dr Simone Cornelisse et al, Session 02: New insights into embryo development, Hall A, 10.30 hrs CEST, Monday 26 June 2023.

[3] Les chercheurs rapportent « un avantage potentiel » au transfert d’embryons au stade de clivage (NDLR : après trois jours) chez les femmes âgées de moins de 36 ans, sans différence « statistiquement significative ». Pour les femmes plus âgées c’est l’inverse qui est observé. Ces différences pourraient devenir significatives en examinant un groupe de femmes plus important, estime le Dr Cornelisse, auteur de l’étude.

[4] Medical Xpress, European Society of Human Reproduction and Embryology, Are more babies born if embryos are cultured for three or five days in the lab? Trial suggests that age matters (26/06/2023)

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