« Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, ma première pensée a été d’appeler un centre d’avortement et de prendre rendez-vous. J’avais déjà quatre enfants à la maison, le père de mon enfant n’était pas là et les factures s’accumulaient », témoigne une Américaine [1]. Son entourage ne la soutient pas non plus, lui affirmant qu’elle n’est pas capable d’élever un autre enfant.
« Non seulement l’avortement semblait être l’option la plus facile, mais c’était aussi ma réaction naturelle », indique Neesha. Elle avait en effet déjà subi plusieurs avortements.
La possibilité de l’adoption
Neesha passe alors un appel pour planifier une IVG. Mais depuis les procédures précédentes, la loi sur les battements de cœur est entrée en vigueur dans l’Etat de Géorgie (cf. USA : la Géorgie est le quatrième état à adopter la “Heartbeat bill”). Il est trop tard pour qu’elle subisse l’intervention.
Alors elle recherche d’autres solutions et découvre la possibilité de faire adopter son enfant (cf. Faire adopter ou avorter : deux alternatives ?). L’association Abiding love lui vient en aide.
Au moment de choisir la famille à qui elle confiera son enfant, Neesha a de nombreux critères. Elle recherche la famille « parfaite ». « Dès notre première rencontre, j’ai su que j’avais pris la bonne décision », témoigne-t-elle.
« Je ne connaissais pas les nombreuses ressources et options à ma disposition »
Pendant le reste de la grossesse, le couple assiste Neesha à chaque étape, jusqu’à ce qu’elle accouche d’un petit garçon par césarienne. Dix mois plus tard, ils vivent une « adoption ouverte ». « Mon fils connaît ma voix, je le vois régulièrement et il est élevé en Floride avec l’amour et la vie dont j’avais toujours rêvé pour lui », se réjouit Neesha.
« Alors que je ne connaissais pas les nombreuses ressources et options à ma disposition lors de mes précédents avortements, je sais maintenant, et j’espère que d’autres femmes sauront, qu’elles sont fortes, qu’elles ont du soutien – et que mettre fin à la vie de son enfant n’est jamais la solution », témoigne-t-elle.
Les « Heatbeat bills », des lois contestées
Une dizaine d’Etats américains a adopté des législations parfois qualifiées de « Heartbeat bills ». Leur principe est d’interdire les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont détectables, soit vers six semaines environ.
Parmi les Etats ayant approuvé ce type de législation, on recense l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane, le Kentucky, le Mississippi, le Missouri, l’Ohio, le Texas, le Tennessee, l’Iowa ou encore la Caroline du Sud. Mais les « Heartbeat bills » font régulièrement l’objet de contestations, comme en Caroline du Sud où le Planned Parenthood a demandé que la loi soit suspendue pendant que les tribunaux examinent son libellé. Un juge de l’Etat vient toutefois de décider que le texte peut être appliqué pendant le recours (cf. Caroline du Sud : le gouverneur signe une « heartbeat bill »).
La bataille est souvent sémantique, interrogeant la « définition exacte du battement de cœur » dans le cadre de la loi. Le texte de Caroline du Sud stipule que les avortements ne peuvent être pratiqués après qu’une échographie a détecté « l’activité cardiaque, ou la contraction rythmique régulière et répétitive du cœur du fœtus, à l’intérieur du sac gestationnel ». Ce qui suit le « ou » dans la phrase pourrait exiger qu’« un cœur se soit formé », ce qui, « selon les experts médicaux », ne se produit pas avant neuf semaines environ. « Activité cardiaque », « battements du cœur », peut-on jouer sur les mots dès lors qu’une vie est en jeu ? (cf. Planned Parenthood : aucun battement de cœur avant 6 semaines de grossesse ?)