Pays-Bas : des directives pour faciliter le don d’organes après euthanasie

Publié le 2 Avr, 2017

Au Pays-Bas, le don d’organes après euthanasie s’organise. Depuis la dépénalisation de l’euthanasie dans ce pays en 2012, 23 cas ont été recensés. Si cette pratique « reste marginale », elle réclame un cadre, qui définisse « comment coordonner le geste de mort et la transplantation dans d’autres corps » pour les « faciliter ». Des directives viennent d’être remises officiellement au ministre de la Santé, Edith Schippers. Elles ont été rédigées par des professionnels de santé, associations de patients, éthiciens et proches de patients, et financées par la Fondation néerlandaise de transplantation.

 

L’ « autonomie du patient » est un principe fondateur de ces directives. La demande de don d’organes « doit émaner spontanément du patient sans lui être suggérée », et le patient « doit répondre à toutes les conditions de l’euthanasie ». Le respect de cette condition « est difficilement vérifiable » note l’Institut Européen de Bioéthique : « Comment être que cela soit bien le cas et qu’aucune conversation en famille n’aborde un jour ce sujet ? De plus, une suggestion indirecte via les médias qui relateraient le témoignage d’une personne ayant agi de la sorte, n’aurait-elle pas autant d’impact que toute autre suggestion venant d’un proche ? Lorsqu’on sait les besoins importants d’organes mais aussi la forte sollicitation de la part de sociétés commerciales et pharmaceutiques, il y a de quoi s’interroger ».

 

Par ailleurs, donner ses organes suite à une euthanasie implique que l’euthanasie ait lieu à l’hôpital. Selon les directives « un médecin hospitalier sans lien avec le service de prélèvement des organes devra vérifier la conformité de la procédure d’euthanasie (…) un médecin légiste devra être sur place pour constater la cause de la mort et établir l’acte de décès immédiatement ». Pour l’Institut Européen de Bioéthique, « le timing est celui de l’hôpital, pas celui d’un patient autonome qui jusqu’au dernier moment pourrait décider de renoncer à se faire euthanasier ». En outre, le corps devra être « transféré rapidement en salle d’opération ». Sur ce point, « plusieurs éthiciens ont souligné que ce transfert rapide risque d’empêcher les proches de faire leurs adieux et de retarder le deuil ».

 

L’un des médecins rédacteurs des directives estime que « grâce à elles, le nombre d’organes disponibles post-mortem aux Pays-Bas devrait être doublé ». En 2016, 5500 personnes ont été euthanasiées dans ce pays. Si les malades du cancer qui représentent 70% de ce chiffre ne peuvent donner leurs organes, les personnes atteintes de sclérose en plaques, de la maladie de Charcot ou d’autres maladies neurologiques sont « directement concernées ».

Institut Européen de Bioéthique (30/03/2017)

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