A partir de la technologie CRISPR, des chercheurs du MIT ont conçu « un nouvel outil capable de supprimer de grands gènes défectueux et de les remplacer par de nouveaux », d’une manière qu’ils jugent « plus sûre et plus efficace ». Ils pourraient ainsi traiter « une variété de maladies génétiques », notamment celles causées par de nombreuses mutations[1]. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Biotechnology [2]
L’outil, baptisé « PASTE »[3], fait appel à « des enzymes appelées intégrases, que les virus utilisent pour insérer leur propre matériel génétique dans un génome bactérien ». Il les combine à des « prime editors » (cf. Les « prime editors », « traitement de texte » de la génétique)[4]. En outre, la technique ne crée pas de « rupture double brin » dans l’ADN, « ce qui réduit le risque d’insertions ou de délétions indésirables », affirme Omar Abudayyeh, auteur de l’étude.
En mettant en œuvre l’outil PASTE, les chercheurs sont parvenus à insérer des gènes longs de 36 000 paires de bases dans plusieurs types de cellules humaines[5], sans endommager l’ADN. 13 gènes ont été testés, et insérés à « neuf endroits différents du génome », avec un taux de réussite de 5 à 60%. Ils ont aussi travaillé sur des « foies “humanisés” de souris constitués d’environ 70% d’hépatocytes humains ». Ils y ont intégré des gènes dans 2,5% des cellules, approximativement.
Le brevet de cette technologie a été cédé à la société Tome Biosciences. L’entreprise espère atteindre le stade clinique en 2026.
[1] Les scientifiques travaillent à présent sur la fibrose kystique. Cette technique pourrait être utilisée pour le traitement de l’hémophilie, du déficit en G6PD – une autre maladie du sang, la maladie de Huntington, la mucoviscidose ou l’amaurose congénitale de Leber.
[2] Omar Abudayyeh, Drag-and-drop genome insertion of large sequences without double-strand DNA cleavage using CRISPR-directed integrases, Nature Biotechnology (2022). DOI: 10.1038/s41587-022-01527-4.
[3] Pour Programmable Addition via Site-specific Targeting Elements
[4] Les chercheurs précisent toutefois qu’il existe d’autres façons de procéder, ce dont doutent d’autres scientifiques.
[5] les cellules hépatiques, les cellules T, et les lymphoblastes (globules blancs immatures)
Sources : Trust my science, Laurie Henry (26/11/2022) : EndPoints, Lei Lei Wu (24/11/2022)