« La génétique n’en finit pas de raffiner ses outils d’édition du génome » : l’équipe du chercheur David Liu (Broad Institute, Cambridge) a publié lundi une étude dans laquelle elle annonce avoir « développé une macromolécule potentiellement capable de mieux cibler des maladies génétiques tout en réduisant des altérations accidentelles ». Une version améliorée de CRISPR (cf. CRISPR-cas 9, d’un simple système bactérien à des enjeux éthiques complexes), baptisée « prime-editing », qui surmonte également les limitations des « éditeurs de base » mis au point par la même équipe en 2017 (cf. ABE : un « éditeur de base » qui vient compléter l’outil CRISPR). Cette « machine moléculaire » qui combine deux enzymes, couplée à un ARN guide « peut à la fois rechercher un site spécifique sur l’ADN et fabriquer la nouvelle information génétique qui prendra la place de la séquence visée », « sans pratiquer une cassure des deux brins de la molécule d’ADN, ce qui réduit grandement les risques de réparation fautive ».
Si CRISPR Cas9 est assimilé à des « ciseaux » moléculaires plus grossiers, les éditeurs de base à des « crayons » plus fins, les « prime editors » sont « un traitement de texte », explique David Liu. « Chaque système a ses avantages et ses inconvénients, et je pense qu’ils auront des applications complémentaires en recherche fondamentale, en médecine ou en agronomie », ajoute-t-il.
Ce nouveau système « a été testé avec succès, aboutissant à 175 modifications dans diverses lignées cellulaires humaines », notamment des cellules touchées par la drépanocytose, la maladie de Tay Sachs ou la forme la plus fréquente de mucoviscidose. Le taux de réussite allait de 20 à 50%, résultats plus élevés que ceux obtenus avec les autres techniques d’éditions du génome. Toutefois, cet outil est de grande taille, ce qui limite sa diffusion aux tissus, un défi reconnu par l’équipe.
Pour aller plus loin: [Infographie] Les enjeux de CRISPR-Cas9
Le Monde, Hervé Morin – Un « traitement de texte » prometteur pour modifier les génomes