Une étude publiée le mois dernier dans la revue Cureus [1] met en évidence une « augmentation notable » du risque de tentatives de suicide chez les adultes ayant subi une transition de genre avec intervention chirurgicale.
Un risque 12 fois plus élevé de tentative de suicide
Pour aboutir à ces résultats, les scientifiques ont comparé les données de 1 501 adultes américains âgés de 18 à 60 ans ayant subi une chirurgie de changement de genre et ayant consulté « pour diverses raisons » un service d’urgences, avec plusieurs autres groupes témoins, représentant au total 15 millions de personnes ayant également consulté un service d’urgences. « Ces données, recueillies entre le 4 février 2003 et le 4 février 2023, ont été analysées pour examiner le nombre de tentatives de suicide, de décès, d’automutilations et de syndromes de stress post-traumatique (SSPT) dans ces différents groupes. »
Les chercheurs concluent que « les patients ayant des antécédents de “chirurgie d’affirmation de genre” présentent un risque 12,12 fois plus élevé de faire une tentative de suicide (3,47% contre 0,29) que les patients qui n’ont pas eu ce recours ». De même, le risque de décès est 3,35 fois plus élevé, le risque d’automutilation 9,88 fois, et celui de SSPT 7,76 fois.
Cette étude est « la plus large » menée sur le sujet (cf. Risque de suicide : au-delà de la dysphorie de genre, prendre en compte les antécédents psychiatriques ; Genre : la « transition médicale » associée à une augmentation des suicides de mineurs). D’autres recherches ont abouti à des conclusions contraires. Cependant l’une d’elles a été retirée en raison de « biais méthodologiques »,et une autre n’a examiné que quinze cas d’interventions chirurgicales, sur une période plus longue en revanche.
Le cas des mineurs
En France, des consultations psychologiques face à des demandes de changement de genre sont « recommandées » et « contribuent à faire changer d’avis un certain nombre d’enfants ». Le Sénat doit examiner ce mardi la proposition de loi visant à restreindre les traitements de changement de genre chez les mineurs (cf. Genre : la commission du Sénat adopte une proposition de loi largement remaniée).
« Des études ont montré que près de 80 % des demandes de changement de sexe des enfants sont associées à des pathologies concomitantes, anxiété, troubles du comportement alimentaire, tentatives de suicide, troubles du neuro-développement », rappelle le docteur Caroline Eliacheff.
[1] Risk of Suicide and Self-Harm Following Gender-Affirmation Surgery (02/04/2024)
Source : JDD, Dr Martine Perez (26/05/2024) – Photo : Pixabay