Lancé en 2016, le Human Cell Atlas (HCA), en collaboration avec plusieurs milliers de chercheurs du monde entier, a permis de révéler certains « secrets » qui entourent le placenta grâce à l’analyse de plus de 70.000 cellules individuelles « prélevées sur des grossesses du premier trimestre ». Ces dernières ont révélé comment elles interagissaient entre elles et comment « le trophoblaste [1] envahit la paroi de l’utérus et modifie la structure de son tissu, créant ainsi l’approvisionnement en sang du fœtus en développement ».
Après avoir migré du placenta à l’utérus de la mère, le trophoblaste permet d’entretenir « une conversation intercellulaire qui persuade le système immunitaire de la mère de tolérer le fœtus qui grandit en elle ». Ce dernier « crée le placenta qui l’entoure et le protège, et établit une communication entre lui-même et l’utérus de sa mère dans lequel il se développe », explique Roser Vento-Tormo, généticienne cellulaire. En effet, le placenta « porte l’ADN de l’enfant nouvellement formé mais parvient à échapper aux réponses immunitaires de sa mère génétiquement distincte ». Comprendre le fonctionnement du placenta devrait permettre aux médecins de lutter contre la prééclampsie ou les fausses couches (cf. Des chercheurs réussissent à générer du placenta humain à partir de cellules souches).
D’autres cellules étudiées
Sur les 37,2 trillions de cellules d’un adulte humain moyen, les chercheurs du HCA ont séquencé et caractérisé un total de 117,8 millions de cellules, à partir de 174.600 échantillons provenant de 9.551 personnes. Un objectif atteint grâce à « la génomique et [aux] technologies informatiques avancées pour repérer les cellules individuelles à partir de leurs signatures génétiques ». « Grâce au développement de la génomique unicellulaire, nous pouvons séquencer chaque cellule individuelle dans un échantillon de tissu », explique Sarah Teichmann, une autre fondatrice du projet basée au Wellcome Sanger Institute (cf. Human Genome Project : la carte complète dévoilée).
Depuis 2016, l’analyse des différents types de cellules a permis en outre d’identifier un nouveau type de cellules dans les poumons. Une cellule qui « porte un récepteur qui, lorsqu’il est absent, joue un rôle clé dans l’apparition de la mucoviscidose ». Une découverte « cruciale » pour « cibler les thérapies avec précision et efficacité ».
[1] Vers le 6ème jour l’embryon vient s’attacher à la paroi utérine par sa périphérie (trophoblaste) et s’y implante.
NDLR : L’article mentionne des cellules individuelles « prélevées sur des grossesses du premier trimestre », sans plus de précisions ni de discussions sur les enjeux éthiques éventuels liés à ces prélèvements.
Source : The Guardian, Robin McKie (03/06/2023)