L’Académie de Médecine a de nouveau publié cette semaine des éléments de réponse à l’attention du Défenseur des droits qui avait souhaité en juillet 2013 « connaître sa position concernant la demande des personnes transsexuelles qui souhaitent procéder à une autoconservation de leurs gamètes pour éventuellement pouvoir les réutiliser après leur transition dans un projet de parentalité de couple» (cf. Gènéthique du 29 janvier 2014 et 31 mars 2014).
La question qui se pose ici est donc de savoir si « un homme devenu femme peut conserver ses spermatozoïdes, ou si une femme devenue homme peut conserver ses ovocytes ». Soit : « les personnes transsexuelles sont elles propriétaires de leurs cellules sexuelles ? » Une problématique « éminemment moderne et spécifiquement française », d’après Jean Yves Nau, docteur en médecine et journaliste.
La loi française autorise la conservation des gamètes en cas de traitements stérilisants ou « susceptibles d’altérer la fertilité », et depuis peu, en cas de don de gamètes (cf. Gènéthique du 15 octobre 2015).
L’Académie de médecine dans son communiqué préconise d’« informer les personnes transsexuelles des conséquences des traitements qu’elles reçoivent », et de « favoriser des traitements compatibles avec une réversibilité de la gamétogenèse en cas de projet parental éventuel ». Elle insiste par ailleurs sur la « nécessaire clarification des conditions dans lesquelles peut être entreprise une conservation de gamètes, tenant compte de leur utilisation future ».
Pour Jean Yves Nau, ces questions montrent que la « transsexualité nous impose de réfléchir à la question éthique, majeure et montante, de l’indisponibilité du corps humain ».
Jean Yves Nau (26/11/2015)