La vente de reins, un « phénomène mondial »

Publié le 4 Avr, 2024

Selon une étude parue dans PLOS Global Public Health [1], « la pauvreté est la principale raison qui pousse les gens à vendre un rein ». Les chercheurs ont identifié un ensemble de facteurs : le manque d’information, l’endettement, la volonté d’acheter différents biens (motos, terres, voire téléphones), un « désir de liberté financière », ou encore l’altruisme. Il peut aussi s’agir de « satisfaire des exigences familiales ou sociales », par exemple pour assurer une dot.

Ces résultats sont le fruit d’une analyse systématique de 35 ans de littérature médicale internationale, dirigée par le Pr Bijaya Shrestha, du Centre de recherche sur l’éducation, la santé et les sciences sociales de Katmandou. La vente de reins est désormais devenue un « phénomène mondial », assurent les chercheurs.

10 000 reins vendus chaque année

D’après les informations de l’ONG Organs Watch, « au moins 10 000 reins seraient vendus chaque année dans le monde ».

En Inde, au Népal, au Bangladesh et même aux Philippines, « des “courtiers” jouent un rôle fondamental pour la mise en relation entre acheteur et vendeur ». Certaines villes, dotées d’« infrastructures médicales de pointe », y servent de « point de rencontre » pour les donneurs et les receveurs d’organe, facilitant ce « commerce ».

Autoriser la vente d’organes ?

Au Nigeria, une enquête a révélé que « de nombreux jeunes donneurs, souvent mineurs, étaient contraints de vendre un rein par manque d’argent, parfois pour 1000 dollars seulement ». En Irak, l’organe se négocie à 3000 dollars. Un prix « totalement arbitraire » qui peut atteindre 10 000 dollars. Des transactions sont « régulièrement signalé[e]s aux Etats-Unis ».

Jean Tirole, prix Nobel d’économie, a déjà défendu l’idée d’une autorisation de la vente d’organes (cf. Vers une rémunération des donneurs de rein ?). L’Iran est le seul pays à le faire à l’heure actuelle. Une « régulation » du marché qui « n’empêche nullement dans ce pays pauvre un marché noir sauvage » (cf. Iran : la vente légale de rein, une “exploitation des plus démunis”).

 

[1] Why do people sell their kidneys? A thematic synthesis of qualitative evidence, Bijaya Shrestha et al, Published: March 27, 2024, https://doi.org/10.1371/journal.pgph.0003015

Source : JIM, Raphaël Lichten (28/03/2024)

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