La politique nataliste de Téhéran continue depuis bientôt dix ans. En 2012, Ali Khamenei, le Guide suprême, avait déjà affiché l’objectif de « doubler la population » d’Iran « pour atteindre 150 millions d’habitants ». « Le slogan ‘Deux enfants suffisent relevait d’une politique occidentale erronée », expliquait alors Ali Khamenei, critiquant la politique trop stricte du planning familial après le baby-boom des années 80. A partir de 2014, vasectomie et ligature des deviennent réservés à des cas précis, familles d’au moins quatre enfants ou grossesses à risque très élevé (cf. Iran: une loi pour faire croître le taux de natalité).
Depuis quelques mois, le Guide suprême a décidé d’aller plus loin. « Il faut donner beaucoup d’importance à la question de la natalité et redouter le vieillissement de la population » a-t-il annoncé en juillet devant le Parlement. Accédant rapidement à son exigence, le Parlement a adopté dans la foulée un texte intitulé « la population et la promotion de la famille ». Toutes les mesures qui y figurent visent à « accroître le taux de fécondité ». L’objectif fixé est de 2,5 enfants par femme en moyenne, « contre 2,14 en 2018 ». Actuellement la moyenne d’âge en Iran est de 32 ans, mais « la proportion de la population vieillissante augmente », et « au rythme actuel », la croissance démographique sera nulle « dans une dizaine d’années ».
La distribution de contraception gratuite est dorénavant interdite, par les médecins ou le planning familial. Seules les pharmacies sont habilitées à fournir préservatifs, pilules, stérilets, etc. « Désormais, les patients doivent se procurer eux-mêmes des moyens de contraception s’ils le souhaitent. Nous, on ne peut plus rien leur donner » explique une jeune médecin généraliste en zone rurale. Quant à la vasectomie et la ligature des trompes [NDLR : méthodes de stérilisation définitive], les médecins ont maintenant l’interdiction de les conseiller aux patients, ceux-ci doivent faire eux-mêmes la démarche et en supporter le coût eux-mêmes.
Depuis ces nouvelles interdictions, les activités du planning familial sont presque à l’arrêt en Iran. L’organisme craint l’émergence de « problèmes psychologiques chez certaines patientes », avec le risque que cela « renforce les souffrances de la population », et que cela augmente « le nombre de grossesses à risques ».
Source : Le Monde, Ghazal Golshiri (26/01/2021) ; Photo : Pixabay\DR