L’ICSI consiste à introduire manuellement un spermatozoïde sélectionné, dans l’ovule d’une femme, afin de contourner l’hypofertilité de l’homme. Cette technique, de plus en plus utilisée, chez les couples infertiles, fait l’impasse sur un aspect important de la fécondation : la disparition de l’acrosome lors de la fécondation naturelle.
L‘acrosome est la partie de la tête du spermatozoïde contenant les enzymes nécessaires à la pénétration dans l’ovule. Lors d’une fécondation naturelle, l’acrosome est détruit, libérant ainsi les enzymes. Il ne pénètre donc jamais dans l’ovule.
Une étude (Kazuto Morozumi et Ryuzo Yanagimachi. « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée) s’étonne donc que les enfants conçus par ICSI soient normaux, puisque les enzymes devant rester à l’extérieur de l’ovule y ont pénétré. Les deux chercheurs ont étudié l’introduction de spermatozoïdes de différentes espèces à l’intérieur d’ovocytes. Chez certaines espèces, comme le hamster syrien, l’introduction du spermatozoïde complet tue l’ovocyte. Chez la souris 3 ou 4 spermatozoïdes entiers (avec acrosome) de souris peuvent tuer l’ovocyte. Tandis que s’ils n’ont pas d’acrosome, ils ne le déforment même pas.
Si l’ovocyte humain avait la taille de celui de la souris, et le spermatozoïde humain celle de celui du hamster, l’introduction du spermatozoïde entier tuerait l’ovocyte de la femme.
L‘étude suggère donc de supprimer systématiquement l’acrosome avant l’ICSI pour éviter l’action des enzymes responsables de la mort de l’ovocyte. « Bien que l’injection de spermatozoïdes intacts ne tue pas l’ovocyte, on ne peut pas éliminer la possibilité que le contenu de l’acrosome puisse avoir des effets sur le développement des embryons », indiquent les auteurs.
Le Quotidien du Médecin 20/09/05