Greffe d’utérus à partir de donneuses vivantes : autorisation d’un essai clinique français

Publié le 1 Oct, 2017

Les greffes d’utérus font l’objet de plusieurs projets de recherche dans le monde : 38 greffes ont été réalisées dans plusieurs pays[1] et  huit enfants sont nés part cette technique en Suède (le premier en 2014). Dans les prochains mois, « deux naissances sont attendues, en Suède et au Brésil ». Le premier congrès de la société savante internationale de greffe utérine, qui s’est tenu mi-septembre, a fait le point sur cette « révolution médicale ». En Europe, environ 200 000 femmes sont atteintes d’infertilité utérine[2] et pourraient être candidates à ce type de greffe. Parmi les 38 opérations réalisées, « 28 impliquaient un don vivant et 10 un prélèvement sur une patiente décédée ». Pour l’heure, « seules les greffes à partir de dons vivants ont permis aux couples de devenir parents ». Une greffe est considérée réussie « lorsque des règles apparaissent dans les six mois suivants l’opération ». Mais ce n’est pas toujours le cas : « encore 25% des greffons sont explantés, principalement à la suite d’une thrombose ou d’une infection ». « Les risques, d’hémorragie, de thrombose, voire de complications graves, sont réels, même si, depuis la toute première greffe en 2002, aucun décès n’a heureusement été à déplorer chez les donneuses comme chez les receveuses ». Enfin, le « lourd traitement immunosuppresseur » est une autre difficulté, mais il n’aurait pas d’incidence tératogène pour le bébé.

 

En France, le professeur Tristan Gauthier mène un essai au CHU de Limoges : son équipe a l’autorisation de l’ANSM[3] pour procéder à 8 greffes à partir de donneuses décédées. La greffe d’utérus impliquant une procédure de PMA, 5 couples ont réalisé « la première étape du protocole » : la congélation de leurs embryons obtenus par fécondation in vitro. Pour la suite, ils attendent un greffon compatible, « provenant d’une défunte entre 18 et 50 ans » (cf. Greffe d’utérus : où en est la France ?).

 

Une autre équipe française, dirigée par les professeurs Jean-Marc Ayoubi et René Frydman a été autorisée par l’ANSM en mars dernier à réaliser 10 greffes d’utérus prélevés sur des donneuses vivantes.

 

Pour le professeur Brännström, qui a effectué les greffes d’utérus en Suède, cette pratique pourrait sortir du champ de l’expérimentation d’ici cinq ans. Mais le professeur Gauthier est plus prudent : « Il est encore très prématuré d’en parler comme d’un traitement potentiel de l’infertilité ».

 

Pour aller plus loin :

 

 

[2] Du fait d’une absence congénitale d’utérus ou d’une ablation à la suite d’un cancer ou d’une hémorragie de la délivrance

[3] Agence Nationale de Sécurité du Médicament

Le Figaro santé, Philippe Huguen (2/10/2017)

Partager cet article

Synthèses de presse

Canada : atteinte d’un cancer, les médecins lui proposent l'AMM
/ Fin de vie

Canada : atteinte d’un cancer, les médecins lui proposent l’AMM

Allison Ducluzeau, une Canadienne atteinte d’un cancer de l’estomac de stade quatre, s’est vue proposer le suicide assisté par des ...
Des implants cérébraux pour « rallumer les lumières » longtemps après une lésion traumatique
/ Transhumanisme

Des implants cérébraux pour « rallumer les lumières » longtemps après une lésion traumatique

Des chercheurs de Stanford Medicine ont mené un essai clinique visant à évaluer l’apport d’implants cérébraux après une lésion traumatique ...
La détransition « à la fois possible et bénéfique » selon une étude
/ Genre

La détransition « à la fois possible et bénéfique » selon une étude

« Pour certaines personnes transgenres, la détransition est à la fois possible et bénéfique », conclut une étude publiée dans Archives of ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres