Fin de vie : face à « une communication ministérielle qui ne reflète pas la réalité », les pédiatres alertent encore

3 Jan, 2024

Dans le contexte d’un futur projet de loi relatif à la fin de vie (cf. Fin de vie : « la volonté exprimée par le président de la République sera tenue »), la Société française de pédiatrie (SFP) a décidé d’adresser une lettre ouverte à Agnès Firmin Le Bodo, devenue ministre de la Santé et de la Prévention.

La SFP avait déjà appelé dans un communiqué de presse daté du 27 février 2023 à « examiner méticuleusement » les conséquences qu’une évolution législative pourrait avoir sur la prise en charge des enfants (cf. “Aide active à mourir” : les pédiatres inquiets).

Face au déni, la SFP « réitère sa mise en garde »

« Notre mise en garde a été ignorée par le gouvernement à toutes les étapes de la concertation : l’exclusion des mineurs du dispositif a été considérée comme une protection suffisante, rendant inutile toute discussion à leur sujet », dénoncent le Pr Agnès Linglart, présidente de la Société française de pédiatrie et le Pr Romain Basmaci, son secrétaire général.

La SFP « réitère sa mise en garde du mois de février ». « Outre le risque de glissement à terme vers la possibilité d’une euthanasie des enfants et des adolescents, l’ouverture d’un nouveau droit accessible dès 18 ans modifierait fatalement le plan de soin des enfants et des adolescents atteints de maladies chroniques et de polyhandicap, surtout s’ils souffrent », alertent les pédiatres. « Ce nouveau droit impacterait inévitablement les échanges entre le corps médical, les enfants et leurs parents qui souffrent également ».

« Rien ne permet de parler d’apaisement, ni de “co-construction” »

« La Société française de pédiatrie a continué de participer en qualité de société savante à toutes les réunions auxquelles elle a été conviée, en mandatant des représentants de notre société pour contribuer aux réunions de la commission parlementaire et de “co-construction” » que vous aviez organisées », rappellent les pédiatres à la ministre (cf. Projet de loi sur la fin de vie : soignants et parlementaires veulent faire entendre leurs voix).

« Au cours de ces réunions, dont l’opacité du texte envisagé et l’absence d’ordre du jour et de compte rendu sont à souligner, force a été de constater que les conséquences d’une modification législative sur la prise en soin des enfants et des adolescents ont toujours été considérées comme étant hors du champ et n’ont jamais pu être abordées en tant que telles », soulignent-ils. « Les répercussions d’un changement de paradigme sur les autres personnes vulnérables et sur les malades qui ne demandent rien n’ont jamais été discutées également », regrettent-ils aussi (cf. Fin de vie : attention au message envoyé aux personnes vulnérables).

La SFP a pourtant assisté à la réunion de présentation du « préprojet de loi » du 18 décembre 2023, « pour ne pas rompre le dialogue » (cf. Projet de loi fin de vie : les soignants ont l’impression de se « faire marcher dessus »). La Société « dénonce une communication ministérielle qui ne reflète pas la réalité » après cette réunion. Elle « s’est déroulée dans les mêmes conditions que les précédentes, sous la forme d’un monologue technico-juridique », dénoncent les pédiatres. « Rien ne permet de parler d’apaisement, ni de “co-construction” » (cf. Fin de vie : un « dialogue de sourds » entre les soignants et le gouvernement) .

« La Société française de pédiatrie, qui œuvre en faveur de la santé de l’enfant et de l’adolescent et qui a pour mission majeure d’en assurer leur bien-être, vous fait part de ses vives inquiétudes et de ses réserves sur les conséquences de ce projet de loi sur leurs prises en soin », écrivent les pédiatres à la ministre. Elle « va ainsi saisir sa Commission d’éthique d’une mission d’analyse et de suivi du texte proposé. »

 

Source : Le Quotidien du médecin, Pr Agnès Linglart, présidente de la Société française de pédiatrie et Pr Romain Basmaci, secrétaire général de la Société française de pédiatrie (02/01/2024)

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