Euthanasie : vers une « pression implicite sur les malades »

Publié le 15 Avr, 2021

« Ne faut-il pas, ici et maintenant, penser contre vous-même et vous dégager un peu de cette petite musique euthanasique lancinante, confortable, portée complaisamment par les médias, avec les mêmes sempiternels refrains et les mêmes “éléments de langage” répétés à satiété » ?, interroge le philosophe et essayiste Damien Le Guay dans une tribune pour le journal Le Figaro. Pour le philosophe qui prévoit que le sujet « reviendra bientôt » dans l’hémicycle (cf. Euthanasie : « nouvelle salve » prévue à l’Assemblée), il est indispensable de mesurer « tous les enjeux de cette question », car « ils dépendent les uns des autres ».

Pression sur les malades et risque pour la relation patient-médecin

La « liberté » réclamée par certains « viendra s’opposer à la confiance entre les patients et les médecins et exercera une pression implicite sur les malades dont la liberté de vivre jusqu’au bout sera ébranlée, presque déconsidérée », estime Damien Le Guay.

Et l’essayiste rétablit les chiffres. « On vous a dit que les Français sont favorables à l’euthanasie à 95 %. Faux. » Les Français réclament avant tout de « ‘ne pas subir de douleur’ ni ‘d’acharnement thérapeutique’, (…) être accompagné, pris en compte comme des personnes ». Seuls 24% évoquent l’euthanasie (cf. Fin de vie : les Français ne plébiscitent pas l’euthanasie).

L’euthanasie, un progrès ?

« Toute nouveauté est-elle par principe un progrès ? » Non, répond Damien Le Guay, qui dénonce « la propagande » autour des euthanasies en Belgique et en Suisse. Ainsi, « la commission belge de contrôle indique qu’en deux ans (2018-2019) il n’y a eu que 45 étrangers qui ont demandé l’euthanasie ». « 45, et pas seulement des Français ! », souligne-t-il. En 2020, le chiffre est de 20.

« On vous a dit qu’il y aurait une manière “digne” de mourir, et une autre indigne. Faux, s’insurge le philosophe. Vivre au plus loin sans opter pour un “faire mourir” est digne. Dire le contraire est une injure faite aux Français. » Alors « demandez-vous pourquoi les membres de ce parti euthanasique, qui ne vont pas aider les personnes en fin de vie dans les hôpitaux ni les équipes palliatives, auraient raison, quand ceux qui sont là tous les jours, et qui connaissent toute la complexité des situations, sont contre l’euthanasie ? », interpelle Damien Le Guay.

Pour lui c’est « sans doute pour être eux du côté de la complexité ». « Pour avoir peur des ruptures catastrophiques – celles pointées par Robert Badinter qui considère que l’État ne doit pas donner la mort, ni peine de mort ni euthanasie, et qu’il ne doit pas enfreindre, d’aucune manière, l’interdit de tuer ». Et « pour savoir qu’il y aura des dérives incontrôlables ».

 

Source : Le Figaro, Damien Le Guay (15/04/2021) – Photo : truthseeker08 de Pixabay

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