L‘avocat Robert Badinter, sénateur socialiste des Hauts de Seine, ancien Garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel et l’un des principaux acteurs de l’abolition de la peine de mort en 1981, vient d’être auditionné par la mission Leonetti sur la question de la fin de vie. Il a estimé que la loi du 22 avril 2005 était "satisfaisante" et s’est montré très sceptique sur l’idée d’une "exception d’euthanasie".
Robert Badinter a précisé que le droit pénal n’avait "pas seulement une fonction répressive mais aussi une fonction expressive", en ce qu’il traduit "les valeurs d’une société".
A titre personnel, il explique que "le droit à la vie est le premier des droits de l’homme" et que "personne ne peut disposer de la vie d’autrui". Il s’oppose donc à la légalisation de l’euthanasie, même sous forme "d’exception".
Il estime que "le consentement libre et éclairé" de la personne que l’on a fait mourir pourra toujours être remis en cause par un proche ou un membre de la famille. Ainsi, créer une "exception d’euthanasie" ne ferait, estime t-il, qu’ouvrir de nouvelles "zones d’ombre".
Il s’oppose également à l’idée de Gaëtan Gorce de créer un comité d’experts qui serait chargé de se prononcer sur l’opportunité d’une euthanasie dans des cas exceptionnels : "je ne conçois pas qu’un comité, aussi honorable soit-il, puisse délivrer une autorisation de tuer".
Pour conclure, il estime que la procédure judiciaire actuelle offre toutes les voies et garanties sans qu’il soit nécessaire "d’inventer des détours".
La Croix (Marine Lamoureux) 18/09/08