Les députés européens ont adopté le 15 juin 2006 un programme de 50 milliards d’euros pour la recherche (7e PCRD, 2007-2013). Ce Programme Cadre Recherche et Développement consacre 2 milliards d’euros aux biotechnologies et sciences du vivant, ce qui a fait l’objet de longs débats pour décider si l’Europe devait ou non financer la recherche embryonnaire.
Une très faible majorité
Les députés ont voté à 284 voix pour et 249 contre, pour le financement communautaire de la recherche sur les cellules souches humaines, qu’elles soient adultes ou embryonnaires. Le débat a montré de forts clivages sur cette question : les polonais et les italiens ont voté en majorité contre, les français et les britanniques pour, les allemands étant très divisés. L’élue verte allemande, Hiltrud Breyer a fait remarquer : « si des embryons sont considérés comme de véritables matériaux de transformation, nous sommes peut-être à une rupture éthique », dénonçant aussi les risques de dérive vers le clonage humain.
Trois positions
Trois positions se sont dégagées autour des amendement déposés :
– Le soutien au financement de toute recherche sur les cellules souches humaines, adultes et embryonnaires, cette position étant conduite par Philippe Busquin, ancien commissaire chargé de la Recherche, membre de la commission industrie et recherche (socialiste – Belgique).
– Le refus de financer toute recherche qui utiliserait des embryons humains, soutenu par Peter Liese (PPE – Allemagne) et Hiltrud Breyer (Verts – Allemagne).
– La position dite de compromis, consistant à limiter le financement aux lignées embryonnaires obtenues avant le 31 décembre 2003.
Pourquoi s’acharner ?
L’utilisation de cellules souches embryonnaires ne donne aujourd’hui aucun résultat, ni chez l’homme ni chez l’animal ; les scientifiques parlent désormais d’intérêt de recherche et non plus d’objectif thérapeutique. Pourquoi dès lors cet acharnement à financer ces travaux ? Sans doute faut-il chercher une réponse dans la fascination par les débuts de la vie et la volonté de les maîtriser ainsi que dans le choix d’un matériau de recherche gratuit, que sont les embryons surnuméraires.
Le COMECE « consterné »
Le COMECE, assemblée des évêques européens, s’est dit « consterné » par ce vote. Il a rappelé que s’opposer à l’instrumentalisation de la vie humaine et à son utilisation comme matière première n’est pas « uniquement une position catholique » car « scientifiquement, il n’existe aucune raison morale pour distinguer un embryon aux prémices de sa vie et un embryon après son implantation dans l’utérus ou après 14 jours ». Toute vie humaine commence à la conception et mérite une protection particulière quand elle est créée en dehors du corps de la femme.
Une étape décisive à l’automne
Lors de la prochaine rencontre des ministres pour la recherche, le 24 juillet 2006, le Conseil européen se penchera sur la question du financement. Plusieurs Etats-membres ont fait savoir qu’ils s’opposaient à la recommandation des députés européens (Autriche, Malte, Pologne, Portugal, Slovaquie…) car ils refusent de financer une recherche qu’ils interdisent sur leur territoire. Ensuite, le Parlement européen se prononcera, en seconde lecture, à l’automne, avant une codécision définitive.