Etats-Unis : le marché noir des « traitements de fertilité »

Publié le 21 Déc, 2023

Après une fécondation in vitro qui s’est soldée par une fausse couche, Lindsay s’est retrouvée avec des milliers de dollars de « médicaments de fertilité »[1] qu’elle ne pouvait plus utiliser [2]. Ne voulant pas les « gaspiller », elle s’est tournée vers les réseaux sociaux pour trouver des femmes qui pourraient en avoir besoin. Des mots-dièse et des groupes discrets car, aux Etats-Unis, la loi fédérale interdit de posséder ou de consommer des médicaments qui ne vous ont pas été prescrits [3]. Lindsay estime avoir expédié des médicaments à une vingtaine de femmes.

Un marché en plein essor

Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ une personne sur six dans le monde est aujourd’hui touchée par des problèmes d’infertilité. En conséquence, ce marché mondial qui valait environ 35,2 milliards de dollars l’année dernière devrait atteindre 84 milliards de dollars d’ici 2028, d’après le cabinet Imarc.

L’American Society for Reproductive Medicine indique qu’un cycle de FIV coûte en moyenne plus de 12 000 dollars aux Etats-Unis. Les médicaments à eux seuls peuvent facilement dépasser les 5 000 dollars. Des coûts couverts par 43 % des grandes entreprises américaines en 2022.

Des escroqueries fréquentes

Contrairement à Lindsay, Hollee ne bénéficiait d’aucune prise en charge. Devant des frais qui allaient s’élever à 30 000 dollars, auxquels s’ajouteraient 12 000 dollars pour les médicaments prescrits par ordonnances, elle a rejoint un groupe de soutien à la FIV sur Facebook, où les patientes ont l’habitude de vendre et de donner les médicaments dont elles n’ont plus besoin. Une femme lui a proposé deux types de médicaments pour 680 dollars – une « aubaine ». Mais les médicaments ne sont jamais arrivés.

De nombreux groupes sélectionnent « soigneusement » leurs membres afin d’éliminer les escrocs en exigeant une pièce d’identité et la preuve que la personne suit une procédure de fécondation in vitro. Certains groupes interdisent totalement le commerce de médicaments, en raison des escroqueries « trop fréquentes ». Finalement, Hollee a acheté des médicaments à un autre membre du groupe. Au total, elle a dépensé environ 3 500 dollars, « toujours moins que ce qu’elle aurait dépensé dans une pharmacie ».

La complicité des cliniques ?

Rachel, 33 ans, s’assure quant à elle que les médicaments qu’elle achète sur Facebook sont toujours dans leur emballage d’origine, fermé. Elle se procure ces produits « sous la supervision » de son médecin. En effet, des cliniques « ferment les yeux » et soutiennent officieusement ce type de pratique.

Pour financer ce traitement, Rachel avait pris un deuxième emploi. Mais en achetant les produits sur Facebook, elle a pu éviter de contracter un prêt.

 

[1] Destinés à stimuler l’ovulation et « préparer le corps à la grossesse »

[2] Medical Xpress, There’s a black market on social media for pricey fertility drugs, Kristen V. Brown (18/12/2023)

[3] Toutefois la Drug Enforcement Administration américaine affirme que les médicaments de fertilité, qui ne sont pas considérés comme des substances contrôlées, ne relèvent pas de sa compétence.

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