Plus de 140 associations « de différentes sphères de la société civile » se sont réunies pour demander le rejet de la loi euthanasie par le Sénat espagnol. Elles considèrent que c’est un « scandale » de « légiférer sur la mort » alors que l’Espagne vit « l’un des moments les plus meurtriers » de son histoire depuis la Guerre Civile. Elles estiment qu’il s’agit d’une « grave irresponsabilité » de ne pas prioriser sur l’amélioration de l’accès aux soins palliatifs pour l’ensemble de la population. Car il n’est pas possible de parler de « liberté », « lorsque le choix se fait entre souffrir ou être tué par le médecin » peut-on lire dans leur communiqué.
Les associations qualifient également le projet d’ « injuste » car « l’État ne peut autoriser personne à tuer, la vie des citoyens n’étant pas à la disposition des pouvoirs publics ». Et ceux-ci ne rempliraient plus « leur devoir de contribuer par tous les moyens possibles à guérir, soulager, ou prendre soin des patients ».
Le communiqué rappelle que les députés ont voté la loi euthanasie « sans débat social » (cf. Espagne : l’Assemblée adopte le projet de loi euthanasie), et « contre les avertissements du Comité de Bioéthique espagnol, du Conseil Général des médecins d’Espagne et de la Société Espagnole de psychiatrie » (cf. A Madrid, les Collèges des Médecins, Dentistes et Pharmaciens opposés à la loi euthanasie). Les associations réclament explicitement que les Sénateurs votent contre la loi quand elle arrivera au Sénat. Les Sénateurs ont jusqu’au 15 février pour déposer des amendements. Elles les encouragent également à présenter un recours en inconstitutionnalité.
Federico De Montalvo, Président du Comité de Bioéthique, lui, plaide pour le retrait du projet de loi, qui « ouvre la porte à une culture de mort ». Il explique qu’ « il n’est pas possible de créer un droit à la mort » (cf. Il n’y a pas de droit à l’euthanasie, rappelle le comité de bioéthique Espagnol), que cela met en danger les « plus vulnérables, comme les personnes âgées ou les personnes handicapées ». « Les gens qui demandent l’euthanasie ne demandent pas à mourir mais demandent plutôt à ne pas souffrir » explique-t-il pour rappeler à quel point une loi pour promouvoir les soins palliatifs aurait été plus judicieuse. Il se dit également « préoccupé » par le fait que « l’objection de conscience institutionnelle ne soit pas autorisée ». Enfin, il déplore qu’ « il n’y ait aucune obligation d’évaluation de la loi », et donc « aucune garantie qui empêche la pente glissante » (cf. Pays-Bas, Belgique, Suisse… L’incontrôlable « pente glissante » de l’euthanasie).
Sources : ABC, Laura Daniele (09/02/2021) – One Of Us (09/02/2021) – Europa Press (09/02/2021)