Enceinte de quatre mois, elle est avortée « par erreur »

Publié le 25 Avr, 2017

Ce mercredi, la sixième chambre correctionnelle de Lille doit « déterminer la responsabilité de l’hôpital où Zahra a reçu par erreur un médicament abortif alors qu’elle était enceinte de quatre mois ».

 

En mai 2011, Zahra se rend à l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille pour une opération de cerclage de son col de l’utérus[1]. Enceinte de quatre mois, elle se retrouve dans la même chambre qu’une femme venue pour un avortement. Sans vérifier l’identité des deux femmes, une sage-femme stagiaire les confond et donne à Zahra le comprimé abortif. Elle apprend sa « fausse-couche » au bloc opératoire : « J’ai eu des douleurs après la prise de comprimé, mais tout le monde me disait que c’était normal. (…) Lorsque je me suis réveillée dans ma chambre, le curetage avait déjà été fait ». Puis, l’équipe médicale explique cette fausse-couche par son poids et ses problèmes de fertilité « puisque la jeune femme est tombée enceinte après cinq années d’essai ». « Ils m’ont fait culpabiliser », témoigne la jeune femme. Deux jours après les faits, l’emballage du comprimé abortif est retrouvé dans la poubelle et l’erreur est reconnue par l’hôpital. Zahra est traitée pour une dépression dans les mois qui suivent.

 

En septembre dernier, le tribunal de grande instance de Lille juge l’affaire. L’avocat de l’établissement hospitalier estime qu’il s’agit « d’une perte de chance, c’est-à-dire qu’en dehors de l’erreur médicale, le risque de fausse couche était de toute façon très important ». Le couple est indemnisé à hauteur de 53 935€, mais le groupement des hôpitaux catholiques de Lille fait appel et la somme est réduite de moitié par la cour d’appel de Douai.

 

C’est aujourd’hui le volet pénal de l’affaire qui est jugé. L’infirmière et la sage-femme stagiaire en charge de Zahra sont poursuivies pour « blessures involontaires ayant entrainé une incapacité temporaire de travail (ITT) supérieure à trois mois ». L’administration du groupement hospitalier estime avoir « tiré tous les enseignements de ce malheureux incident afin d’éviter qu’il ne se reproduise ».

 

[1] Une opération qui consiste à le renforcer pendant la grossesse.

L’express (25/04/2017)

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