Embryons congelés : le casse-tête des cliniques, le dilemme des parents

Publié le 6 Jan, 2020

Avec le développement de la procréation médicalement assistée et en l’absence d’une limitation du nombre d’embryons fabriqués in vitro, les cliniques de fertilité doivent stocker de plus en plus d’embryons congelés. Lorsqu’ils ne souhaitent plus avoir d’autre enfant, il revient aux parents de décider du sort des embryons surnuméraires. Un choix d’autant plus douloureux que les parents qui se lancent dans une FIV n’y sont pas préparés.

 

Aux Etats-Unis, quatre options s’offrent à eux : détruire les embryons, en faire don à la science, en faire don à un couple stérile, ou continuer à payer les frais de cryogénisation. Cette dernière option est couteuse, entre 400$ et 1000$ par an, et beaucoup de parents cessent de régler les frais sans pour autant opter pour une autre solution. Dans ce cas, les embryons sont considérés par la clinique comme « abandonnés ». On ne sait avec précision combien d’embryons congelés abandonnés sont aujourd’hui stockés dans les cliniques américaines. Des médecins estiment que leur nombre dépasse le million. Certains responsables de clinique s’inquiètent de leur accroissement exponentiel et regrettent, qu’à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne, qui limitent la FIV à trois embryons créés, aucun encadrement n’existe encore dans le pays.

 

Si une telle limitation réduirait les problématiques de stockages des cliniques, elle n’épargnerait pas aux couples ayant eu recours à la FIV ce dilemme éthique, comme le souligne le témoignage d’une américaine qui, après de multiples FIV infructueuses, a donné naissance à une petite fille. Deux embryons viables ont été congelés. Eprouvée par le parcours de ses multiples FIV, elle n’a pas eu la force d’entamer une nouvelle procédure de PMA. « Je ne pouvais pas ouvrir mon cœur à un autre cycle raté et je ne voulais pas que mon corps soit de nouveau piqué et stimulé comme il l’avait été pendant si longtemps. » Le couple a donc du décider du sort des deux embryons supplémentaires et s’est résigné à les donner à des couples stériles recourant à une PMA. « Nous avons consacré tant d’efforts et d’amour à la création de nos embryons que nous ne pouvions supporter l’idée de ne pas leur donner une chance de survivre. Nous connaissions aussi la douleur de vouloir être parents alors que notre corps ne coopère pas ».

 

Mais un an après avoir fait ce choix, la mère confie qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’elle pense à ses embryons. « Je me demande si leurs parents auront une conversation avec eux sur l’histoire de leur conception. Je me demande si ma fille m’en voudra lorsqu’elle apprendra qu’elle aurait pu avoir la chance d’avoir un frère ou une sœur ou deux et que je les ai donnés. Je me demande ce qu’aurait été ma vie si j’avais essayé d’avoir un autre enfant. Je me demande même si les embryons sont viables ! Je me demande si les parents qui les élèveront seront patients et gentils. Et oui, je me demande si j’ai fait le bon choix ».

Yahoo, Lauren Manaker (03/01/20) – Today (vidéo) (02/01/20)

 

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